Cette fâcheuse tendance à tripatouiller la constitution pour, d’une façon ou d’une autre, s’éterniser au pouvoir est devenue la monnaie courante surtout dans les pays dirigés par des tyrans, des aristocrates, et des dinosaures déguisés en démocrates.

En Haïti, sous un fallacieux prétexte que la constitution de mars 1987 est une source d’instabilité et qu’elle ne répond pas aux exigences politiques de l’heure, les deux derniers chefs d’Etat issus du régime PHTK ont pris pour cible la constitution après leurs échecs et ont essayé, soit de la modifier, ou d’enclencher des démarches permettant d’aboutir à une reforme sans tenir compte des balises, des normes imposées par celle-ci notamment en son article 282 à 284-4.

Ces démarches qui, selon les instigateurs, visent à résoudre certains dilemmes ont très souvent occasionné beaucoup plus de problèmes que de solutions. Le cas du fameux amendement de l’ex-président de la République, Joseph Michel Martelly. Quel changement réel a-t-il apporté cet amendement, si ce n’est que de la confusion.

Les manœuvres constitutionnelles du président Guinéen Alpha Condé et celui de la Côte d’Ivoire Alassane Ouattara ont plongé leur pays, déjà au bord du précipice, dans un chaos politique meurtrier. Malheureusement, le président Jovenel Moise, qui souffre, de toute l’histoire de la nation, du pire déficit de crédibilité et de légitimité qu’un chef d’Etat haïtien n’ait jamais connu, n’a tiré aucune leçon, et se jette, en toute fin de son mandat, dans un processus de réforme constitutionnelle, après avoir déclaré caduc un Parlement de servitude au sein duquel il avait, pourtant, une majorité écrasante.

Toutes ces manœuvres visant à reformer la constitution à des fin personnels ont un air de déjà-vu que ce soit en Haïti ou ailleurs. Ce qui est certain dans le cas d’Haïti, ces forçages constitutionnels ne sont qu’une mise en danger inutile de la stabilité nationale. Ils sont aussi un aveu de l’échec des instigateurs, le reflet de la monopolisation de notre vie politique.

Il faut toutefois reconnaitre que la constitution haïtienne de mars 1987 mérite quelque changement, par exemple l’intégration de la diaspora haïtienne dans la chose politique du pays, cependant, il n’est pas responsable de l’échec des gouvernements qui, malheureusement ont bâti leur réputation sur le mensonge, de fausses promesses, sur la multiplication de massacres et surtout la fédération des bandes armées.

Ceux qui ont échoué doivent, au moins, avoir le courage de dire haut et fort Non, la constitution de 1987 n’est pas la source de nos malheurs, de nos échecs, de notre misère, de nos jours sombres ou d’une véritable source d’instabilité du pays.

En quoi la constitution est-elle responsable de l’échec d’une administration, d’un régime ?

Très souvent, ceux et celles qui veulent la changer ont des intérêts inavoués et inavouables. Et le peuple reste et demeure après ces reformes le dindon d’une mauvaise farce.

Non, non, non… la constitution n’est pas le mal qui nous guette !