Le gouvernement et les banques mettent en péril les récipients de transferts

Tenant compte des sacrifices que les récipients consentent et des acrobaties qu’ils effectuent avant que l’argent arrive dans leurs poches, recevoir un transfert en américain en Haïti coûte plus aux récipients que les envoyeurs tous mis ensemble.

Points clés à retenir:

1. Les Haïtiens risquent leur santé et leur vie avant de recevoir leurs transferts d’argent en dollars.

2. Les banques ne doivent pas être des bureaux de transferts et d’échange

3. Les banques doivent avoir au moins deux succursales dans les villes de province

4. Le gouvernement doit exiger que les transferts soient exécutés en gourdes

5. La diaspora doit se lancer sur le marché d’échange en instituant leurs propres bureaux de transferts.

Le profit entre recevoir $100 USD en gourdes des bureaux de transferts et les recevoir en dollars sur son compte pour le retirer de la banque et ensuite l’échanger sur le marché informel n’est que 500 gourdes. Cependant, les récipients préfèrent s’amasser devant les banques pour recevoir leurs transferts en billets verts juste pour bénéficier de cette pitance.

Je considère dans ce cas que les banques exécutent les transferts à un taux moyen de 95 gourdes pour un dollar pendant que les cambistes achètent le dollar à 100 gourdes en moyenne.

Il y a trois scénarios possibles lorsque les récipients atteignent finalement les guichets pour recevoir leurs transferts. Soit que les banques n’aient pas de liquidité, soit que l’argent des récipients ne soit pas disponible sur leur compte parce que les transactions prennent entre 3 à 5 jours pour arriver en Haïti ou soit que les banques ne veuillent pas livrer tout l’argent en plein. Dans le dernier scénario, les banques livrent la moitié pour les transferts en deçà de $500 et $500 pour tous transferts dépassant $1000.

De manière générale, les récipients effectuent au moins deux voyages vers les banques pour recevoir lesdits transferts. A chaque retour, ils passent entre 2 à 3 heures en ligne où ils risquent d’être attaqués par des bandits et ultimement kidnappés ou tués à leurs sorties des banques ou après qu’ils vendent leurs dollars aux cambistes. Les jours où les VIPs y viennent pour effectuer de larges transactions, les attentes sont de 3 à 5 heures.

Il est nécessaire, pour protéger la sécurité de leur clientèle ou pour réduire la longueur des lignes, que les banques ouvrent d’autres succursales dans les villes de province ou qu’elles opèrent d’autres guichets pour offrir un service amélioré et plus rapide. À présent, à quelques exceptions, il n’y a qu’une succursale par commune avec quatre guichets en moyenne.

La diaspora peut résoudre les problèmes de rémittences en Haïti. Elle possède ou a accès aux capitaux et aux technologies nécessaires pour égaliser, obtenir et maintenir un avantage compétitif sur le marché financier en Haïti. Elle pourrait intervenir pour instituer leurs propres bureaux de transferts pour permettre aux récipients de recevoir leur argent directement sur leur portable. Elle développerait un plan pour transformer les bureaux de transferts en des entités de cash out où les récipients effectueraient leurs retraits et du même coup exécuteraient des transferts vers l’étranger, quand nécessaire.

En attendant que la diaspora intervienne sur le marché d’échange, le gouvernement doit exiger l’exécution des transferts en monnaie locale en appliquant le taux quotidien affiché par la BRH. J’admets par cela que cette mesure ne serait pas populaire pour les cambistes qui connaîtraient la faillite totale du fait qu’elle réduirait la circulation du dollar sur le marché. Toutefois, pour rester en affaires, ils auraient à se transformer en bureaux de transferts ou tout bonnement à entreprendre des partenariats avec la diaspora pour devenir des agences de cash out.

Dr. Bobb Rousseau