Une voix s’élève contre l’oppression et la complicité des puissants

Port-au-Prince, 18 avril 2025 – Dans une lettre ouverte cinglante, l’artiste et défenseur des droits d’auteur Raoul Denis Jr exprime sa rage et son dégoût face à l’inaction et la complicité des autorités haïtiennes face à la crise qui ravage le pays. Adressée au Conseil Présidentiel de Transition (CPT), au Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, à son gouvernement, ainsi qu’aux forces de l’ordre et aux partenaires internationaux, cette missive est un cri du cœur d’un peuple abandonné.

Un déploiement de force contre le peuple, pas contre les gangs

Denis Jr fustige le « dispositif militaire et policier disproportionné » déployé le 16 avril pour réprimer une manifestation pacifique menée par le commandant Samuel du Canapé-Vert. « Une foule debout avec dignité réclamait pour une énième fois la protection de ce gouvernement », rappelle-t-il, dénonçant l’usage de gaz lacrymogènes et d’armes contre des citoyens désarmés.

Pourtant, souligne-t-il, cette même force fait défaut dans les quartiers martyrs comme Carrefour-Feuilles, Bel-Air, ou Martissant, où les gangs « règnent en toute impunité, dans le sang, la terreur, le viol et le feu ».

Un gouvernement accusé de trahison et de complicité

« Vous êtes la honte de cette nation », lance-t-il aux dirigeants, les accusant de protéger leurs privilèges plutôt que le peuple. « Quand il s’agit de vos intérêts, vous êtes brillants, organisés. Mais face aux massacres, vous êtes lâches, absents, complices. »

Il interpelle directement le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé : « Tu es en train de traîner dans la boue le nom de ton père. Démissionne, la nation t’en sera redevable. »

Les forces de l’ordre dans le collimateur

Les hauts gradés de la Police Nationale (PNH) et des Forces Armées (FAD’H) ne sont pas épargnés. « Vous recevez ici la plaque d’honneur de la trahison », ironise Denis Jr, visant nommément des figures comme Rameau et Mario Andrésol, dont l’image de « policier rectiligne » s’effrite.

Un appel aux partenaires internationaux et aux “héros” silencieux

Aux Kenyans, il demande de « rappeler [leurs] troupes inutiles » et de restituer les fonds détournés. Quant aux figures politiques et autoproclamés « héros » comme Guy Philippe ou Dimitri Hérard, il leur reproche leur silence complice : « Votre inaction est une gifle. Votre perte de temps, une trahison. »

Un mot d’espoir et de résistance

Malgré la colère, la lettre se termine par un hommage au « Komandan Samuel » et un avertissement solennel : « Le peuple n’a plus peur. Le peuple est en colère. Et quand la colère déborde, les digues sautent. »

Signée « Sous le regard des Très-Hauts », cette lettre ouverte est bien plus qu’une dénonciation : c’est un ultimatum.

Raoul Denis Jr
Artiste musicien
Défenseur des droits d’auteur