Les célébrations de Pâques se déroulent cette année dans un contexte géopolitique de plus en plus complexe, marqué par la guerre russo-ukrainienne. Alors que le monde chrétien se prépare à commémorer la résurrection, la question demeure : la raison finira-t-elle par triompher des passions destructrices ?

Les nations chrétiennes sont en guerre et nourrissent une détestation mutuelle. Le christianisme, jadis fondement de la civilisation occidentale, semble désormais à terre. Alors, que devient l’Occident sans ce socle spirituel et moral ? Face à ce déclin, la Russie s’affiche comme le défenseur des valeurs traditionnelles liées à la civilisation judéo-chrétienne. En revanche, les nations européennes perçoivent la Russie comme un État autoritaire, réfractaire à certains progrès sociétaux, et la placent en marge de l’ordre européen. On se coalise contre elle, on l’attaque économiquement et politiquement dans l’espoir de la faire plier. Certains analystes estiment même que cette dynamique constitue une véritable guerre civilisationnelle menée par l’Occident contre la Russie.

Mais alors, pourquoi ces distances croissantes entre les pays européens et la Russie, un pays qui fait pourtant partie de l’Europe, et dont l’héritage chrétien a contribué à forger des valeurs communes dans le monde occidental ? Qu’est-ce qui explique cette haine presque réciproque ?

Chercher la paix face à une guerre qui engendre ses horreurs et ses atrocités est louable. Mais comment parvenir à la paix si l’on ne prend pas le temps de comprendre les causes profondes de ce conflit ? Si l’on ne s’efforce pas d’entendre l’autre, de comprendre ses frustrations et les raisons de son malaise ? La véritable paix ne pourra naître que de la confrontation honnête avec ces réalités, de la reconnaissance des souffrances de chacun, et du désir de reconstruire un dialogue sincère.

Comme de nombreux observateurs avisés, préoccupés par les enjeux mondiaux, j’ai pris connaissance de certains journaux occidentaux traitant du conflit russo-ukrainien, en particulier ceux publiés en France. Il est surprenant de constater qu’aucune référence positive n’est faite à la Russie. Les experts français invités à commenter cette guerre meurtrière, qui, selon Donald Trump, ne se serait jamais éclatée s’il avait été président en 2022, sont tous, pour la plupart, des professeurs d’université ou des anciens dirigeants. Leur seul rôle semble être de déverser leur haine contre la nation russe. Ce comportement discrédite la France et ses centres de formation. La propagande sèche a remplacé l’expertise. Il est honteux que des experts mentent sur des sujets qu’ils prétendent maîtriser.

Une aversion antirusse
Quel que soit le ressenti globalement négatif des administrations américaines à l’égard de la Russie, Donald Trump et certains milieux aux États-Unis demeurent lucides et souhaitent mettre fin à cette guerre. Les journaux américains, malgré les critiques qu’on leur adresse, conservent une certaine crédibilité à l’échelle mondiale.

Certains analystes occidentaux estiment que la guerre par procuration menée par l’Occident contre la Russie est perdue. La stratégie de paix proposée par Trump consiste à éviter une humiliation totale pour les pays de l’OTAN, qui se sont engagés dans ce conflit aux côtés de Joe Biden, ce dernier ayant ainsi fait de ce conflit sa propre affaire. Pour Donald Trump, la responsabilité de la guerre ne doit pas être imputée à la Russie, qui, selon lui, a été poussée à la guerre. Ce sont les nations européennes, selon lui, qui font tout pour empêcher que le conflit ne prenne fin.

Un cessez-le-feu dans les conditions actuelles ne serait profitable que pour la Russie, qui se trouve militairement dans une position confortable. Malgré cela, les Européens ne renoncent pas à l’idée d’une défaite stratégique de la Russie sur le champ de bataille. La guerre risque de continuer encore pendant quelques années, malgré les efforts du Président Trump pour y mettre fin, tant que ce résultat escompté n’est pas atteint par les Européens, qui se sont investis massivement dans ce conflit aux côtés de l’Ukraine. Pour diverses raisons, ces derniers ont choisi de soutenir l’Ukraine tout en rompant les liens avec la Russie pour de longues années, voire des décennies. C’est un choix stratégique des principales puissances européennes, pour lesquelles la Russie représente une menace existentielle.

Une Europe sans la Russie, ou une Europe au sein de laquelle le plus grand pays européen serait totalement réduit, voire insignifiant, c’est à cet objectif que l’Union européenne s’accroche.

Des européens bellicistes
En envisageant l’envoi de troupes de réassurance en Ukraine, après un probable cessez-le-feu, pour contrer la menace russe, et après avoir opté pour l’effondrement de l’économie russe, la France et l’Angleterre ne risquent-elles pas d’aggraver la tension géopolitique et militaire ? Ces deux pays pourraient-ils envoyer des soldats en Ukraine, même en cas de cessez-le-feu, sans l’accord des Russes et sans la garantie des États-Unis ?

Le monde se projette dans l’après-guerre. Personne ne devrait souhaiter que ce conflit perdure, car la guerre coûte des vies humaines. Comment Donald Trump, qui opère selon une logique d’affaires, va-t-il gérer la situation face aux bellicistes européens, qui semblent guidés par une posture idéologique et nourrissent l’idée d’une guerre permanente ?

Les Européens cherchent-ils à imposer leur force au président russe pour garantir une paix totalement favorable à l’Ukraine ? Et de quelle manière ? Les États-Unis, aux côtés des Européens, soutiendront-ils le bloc occidental pour contraindre la Russie à la capitulation ? La Russie dispose-t-elle d’alliés aussi déterminés que les Européens à affronter l’Occident ?

Dans cette logique opposée, il est possible de ressentir la fin imminente de quelque chose. Le monde est-il prêt à s’arrêter là ? Le maître de cette guerre, qui l’a menée sans perdre un seul soldat sur le front, a affirmé qu’il fallait y mettre fin. Et c’est une décision sage !

La Russie a parfaitement compris que l’Occident utilise l’Ukraine pour l’affaiblir géopolitiquement et économiquement à travers une guerre indirecte. Elle a saisi que l’envoi de troupes en Ukraine, dans le but de garantir un cessez-le-feu, permettrait en réalité à l’OTAN d’approcher davantage de ses frontières terrestres et maritimes, préparant ainsi le terrain pour un affrontement dans une guerre qui semble inévitable. En vérité, ce qui se joue, c’est la préparation à une guerre à grande échelle, sous couvert de défendre les valeurs de l’Occident.

Nous espérons que les déclarations belliqueuses de ces derniers jours ne sont qu’une tactique visant à secouer l’arbuste, dans le but de remettre l’Europe sur la table des négociations. Cette dernière semble en effet être mise à l’écart, notamment par Donald Trump et le Président Vladimir Poutine, dans leurs efforts pour trouver une issue à la guerre en Ukraine.

Le plan européen contre la Russie
La France désigne la Russie de Vladimir Poutine comme une menace existentielle, soulignant les dangers potentiels que représente ce régime pour la stabilité européenne et mondiale. Emmanuel Macron, en tant que président, a la lourde responsabilité de défendre la France contre cette menace par tous les moyens possibles, y compris militaires. Mais est-il en train de suivre une politique basée sur l’agitation, utilisant la peur et l’angoisse pour fédérer l’Europe face à une menace russe qui pourrait devenir réellement existentielle ?

À travers le plan européen actuellement discuté dans les grandes capitales que sont Paris, Berlin et Londres, Poutine pourrait déjà percevoir les contours d’une stratégie d’invasion à laquelle il se prépare activement.

Cette prochaine guerre mondiale, si elle se produit, sera une tragédie sans précédent pour la civilisation humaine. Ce ne sera pas une guerre conventionnelle, mais nucléaire. Les survivants, dans leur désespoir, regretteront amèrement de ne pas avoir été parmi les premières victimes.

Face à ce cataclysme qui nous guette, il est urgent de faire triompher le bon sens et d’agir pour éviter l’impensable. Une guerre nucléaire, dans laquelle personne ne sortira gagnant, ne doit jamais avoir lieu, sauf si nous sombrons dans l’absurde et la folie.

Les nations chrétiennes, en proie à des délires idéologiques, se déchirent. Elles oscillent entre la guerre juste et la guerre préventive, multipliant les discours qui tantôt justifie, tantôt condamnent la violence. Un monde exempt de guerre, voilà ce qui fonde notre véritable espérance. Peut-être sommes-nous en train de quitter une époque pour entrer dans l’accomplissement d’une promesse de paix perpetuelle promise par le créateur sous l’ égide de son royaume.

Sonet Saint- Louis av
Professeur de droit constitutionnel et de méthodologie avancée de la recherche juridique à la faculté et des sciences économiques de l’ Université d’ Etat d’ Haiti.
Professeur de philosophie.