l’ Année académique scolaire 2019 – 2020 s’est résumée à pratiquement deux mois de classe pour les studieux écoliers haïtiens. D’abord, forcés par les perturbations sociopolitiques de 2019, les élèves ont dû rester chez eux pour ne pas risquer leurs vies sur la route de l’école. Ensuite, surpris par la pandémie de la Covid-19 enjointe au manque d’infrastructures scolaires et de ressources éducationnelles, les portes des établissements scolaires sont restées fermer presque toute l’année 2020.

Le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) et certaines institutions éducatives ont tenté l’approche des cours en ligne, qui n’a abouti à aucun résultat concret vu le manque d’infrastructures en matière de technologie éducative ; le système éducatif haïtien déjà décrié a montré les limites de ses faiblesses en matière d’apprentissage scolaire.


Dans le souci de normaliser l’année académique 2019 – 2020, le MENFP a publié un calendrier de relance devant aboutir à la tenue des examens officiels comme suit :
 « Examens de 9ème année fondamentale : 12 au 14 octobre 2020
 Examens des Écoles normales d’instituteurs (ENI) : 12 au 15 octobre 2020
 Examens des Centres d’éducation familiale (CEF) : 12 au 15 octobre 2020
 Examens de fin d’études secondaires {secondaires traditionnel (philo) et (rénové, NS4) pour les nouveaux et recalés} : 19 au 22 octobre 2020
 Épreuves anticipées de Français pour NS3 : 23 octobre 2020 (matinée) ».


Le mois d’Octobre 2020 est ainsi consacré aux épreuves d’évaluation nationale pour une année scolaire ratée durant laquelle la grande majorité des écoliers n’ont absolument rien bouclé du programme académique scolaire. Par conséquent, on est en droit de se poser la question à savoir : à quoi servent les examens d’Etat en Haïti ? Le système éducatif haïtien est dans son pire état depuis la chute des Duvalier en 1986. Pas une seule année académique scolaire ne s’écoule sans un arrêt significatif des classes pour des raisons diverses d’ordre social, politique ou économique. Cette situation a largement affecté la qualité de l’enseignement en Haïti.

Apres quatorze années de scolarité fermes, l’écolier haïtien se retrouve en dehors de l’école avec des aptitudes et habilités éducatives très douteuses et est incapable de montrer des compétences cognitives appropriées à son niveau d’éducation supposé. Des établissements scolaires de tout acabit s’installent dans le décor délabrant du système éducatif haïtien et offrent une éducation au rabais sans aucun contrôle de l’Etat. Les professeurs sont embauchés sans titre, sans qualité, sans qualifications, sans compétences et souvent transforment les salles de classes en des lieux de divertissement de toutes sortes dans l’unique intention de détourner l’attention des naïfs écoliers sur la vraie situation de leur misérable apprentissage.
C’est dans un tel système éducatif que se prépare le citoyen haïtien de demain ; sans aucune préparation morale, sans une formation intellectuelle adéquate, sans une vision patriotique et citoyenne. C’est ce citoyen haïtien abruti par un système d’éducation sans état d’âme et sans repères qui deviendra le décideur politique, l’employé de l’administration publique, le libre professionnel, le directeur d’école affairiste, l’enseignant sans scrupule, l’ouvrier sans avenir, le père de famille démissionnaire; tous sans une conscience humaine aiguisée par le sens des valeurs humaines et sociales qui font le rayonnement et la grandeur des sociétés civilisées.


On reconnait une société civilisée à l’aune de son système d’éducation. Quand on jette un regard sur le système éducatif en Haïti, on est très loin des critères d’évaluation d’une société qui porte en elle les prémisses du développement durable. Selon un rapport publié par l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) en Haïti, 85% de diplômés haïtiens finissent par quitter le pays. Il reste donc très peu de professionnels qualifiés pour desservir le pays.