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Miclo, mon frère, ce n’est qu’un au revoir !

Je suis ravagé par la brutale disparition de mon ami et frère Miclo Fleurival. Dès que j’ai appris la nouvelle, un vide a commencé à se créer en moi. Le vide de l’absence. De l’inacceptable auquel aucun de nous échappera. J’ai dû assister à tant de départs. Si, dans un double mouvement, ces départs annonçaient des arrivées, ce serait supportable.

Miclo Fleurival fut pour moi un véritable protecteur. Notre amitié remonte à longtemps. Il m’avait aimé comme je l’ai aimé. Les gens de Magasin dont il est originaire ont toujours vu en moi un des leurs, un fils authentique, un natif-natal, bien que je sois originaire de Grand Source. Entre Grand Source et Magasin, il y a une belle histoire d’amour qui doit se poursuivre au-delà de notre existence passagère.

Miclo était un amoureux fou de notre île bien-aimée. Dommage que ses dépouilles mortelles soient déposées dans le pays de l’Oncle Sam. Il s’y trouvait à la recherche de cieux plus cléments. Il cherchait une alternative pour échapper à la misère dans notre pays transformé en une terre de violence où l’espoir est anéanti.

Il est parti à un moment où je planifiais mon retour à la terre natale pour enseigner aux jeunes Gonaviens la philosophie. Pour que l’arbre produise à plein rendement, il lui faut la sève de son territoire autochtone, avait écrit avec raison l’intellectuel haïtien, Jacques-Stephen Alexis. Il existe une élite gonaïvienne qui ne peut pas être ailleurs. Les problèmes auxquels sont confrontées nos communautés nous obligent à consentir de grands sacrifices. Une élite est une muraille de protection pour son peuple.

Tu nous as quitté à un moment où l’on planifie de grands sentiers devant provoquer le démarrage économique de la plus grande île d’Haïti. Une route nationale reliera bientôt Anse-à-Galets et Pointe-à-Raquette, en passant par Chérissable. Elle devra ouvrir la possibilité de recevoir le premier carnaval national sur l’île et le marathon de la Gonave, une activité semblable à celle qu’on organise à New York chaque année. On veut tant de choses pour cette île, notre première patrie que nous devons aimer de fructueuses amours.

Si je pouvais, je dresserais un barrage pour empêcher la mort de Madame Elou Fleurine, Miclo Fleurival, directeurs Gaspard Fleyo et Mytho Francois, Dr Milot Lapointe, Me Briel Lagrandeur et tous ceux de ma génération qui sont partis sans avoir eu le temps de donner à la Gonave leur pleine mesure.

La mort de Miclo, comme tant d’autres, déchirent mon cœur. Cette disparition nous rappelle la mienne et celle de nos amis les plus chers. La mort est un ami qu’on déteste mais avec laquelle on doit vivre. Malheureusement!

J’ai déjà commencé à souffrir de ma mort prochaine, de ma séparation avec les autres, surtout les gens que j’ai aimés. Chacun doit subir cet arrachement. C’est irréversible, personne n’y échappera. Dans le cycle de la vie, la séparation provoquée par la mort est un point d’arrêt douloureux. Un fait irréversible que l’on doit admettre avec humilité.

En ce moment difficile, je pense à la femme de Miclo, mon amie Marjorie, et ses jolies filles qui doivent ressentir une profonde tristesse et un immense chagrin à l’occasion de ce départ pour l’au-delà d’ un papa responsable. Que le Dieu de la consolation les aide à rebâtir leur vie malgré l’énorme souffrance qu’elles ressentent en ce moment. Je sais que pour Marjorie qui est habituée à faire des projets avec son conjoint, la séparation est particulièrement brutale.

Je leur dis ainsi qu’à mon cousin Elou Saint-Louis Fleurine qu’il est difficile et douloureux de passer les étapes du deuil. Je leur souhaite courage ainsi qu’au reste de la famille, aux coéquipiers du Roulado club et son président, M. Savil Dessaint et à la communauté gonavienne. Dans ce moment de grand désespoir, il faut faire jouer les valeurs spirituelles, mettre en évidence sa foi dans le créateur. C’est une expérience unique qui n’est pas partageable.

Magistrat Miclos, joueur, leader du Roulado, ancien collègue à la World Vision International, tu vas me pardonner ne pas pouvoir assister à tes funérailles en terre étrangère, comme il en a été le cas pour Widza, la femme de l’ancien député Elou.

Vous êtes tous deux bien vivants dans mes souvenirs, comme tant d’autres. Vous serez toujours dans mes pensées, mes songes, mon cœur. Pour l’éternité. Que je suis navrant d’avoir à vous dire adieu. Je vous aime tant. Vous êtes partis avec toute votre dignité originelle. Heureusement!

Sonet Saint Louis,
Sous les  bambous, la Gonâve, le 5 août 2022.
Sonet.saint louis@gmail.com

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