Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux ce mercredi 20 novembre, le Président français Emmanuel Macron s’est permis une sortie insultante, qualifiant les membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) haïtien de « complètement cons ». Ce langage irrespectueux et indigne d’un chef d’État reflète une ignorance flagrante de la réalité politique haïtienne et une arrogance coloniale profondément enracinée dans l’histoire française.
Une insulte à la souveraineté haïtienne
En traitant les membres de la présidence haïtienne de « cons », Emmanuel Macron ne se limite pas à insulter un groupe de dirigeants. Il insulte toute la nation haïtienne, car aucun citoyen, aucune institution, ni même un « chat », pour reprendre une expression populaire, ne s’est opposé à la révocation de Garry Conille. Si, pour Macron, ces décisions reflètent l’imbécillité, alors, selon sa logique erronée, il traiterait également tout le peuple haïtien d’incompétent. Cette généralisation est non seulement inacceptable, mais aussi profondément insultante pour un peuple qui a toujours lutté pour sa dignité et son indépendance.
À ce compte-là, ne pourrait-on pas aussi qualifier le peuple français de voleur ? La France, après tout, a pillé Haïti. Elle a imposé une dette de 150 millions de francs or à une nation libre pour compenser une perte qui ne lui appartenait pas. La somme astronomique équivalente à 27 milliards de dollars d’aujourd’hui, extorquée sous la menace militaire, reste un symbole de l’injustice économique imposée par la France.
Garry Conille : un choix politique raté
Quant à Garry Conille, dont le départ semble avoir provoqué l’ire de M. Macron, rappelons qu’il s’est avéré incapable de gérer les défis complexes d’un État en crise. Son passage à la tête du gouvernement haïtien a été marqué par des erreurs stratégiques, un manque de leadership et une incompréhension des réalités nationales. La décision du CPT de le révoquer n’était pas seulement justifiée, elle était nécessaire.
Macron aurait dû prendre le temps de s’informer avant de s’engager dans un exercice aussi maladroit de jugement. Mais son mépris apparent pour les dirigeants haïtiens révèle une attitude paternaliste qui, malheureusement, persiste dans les relations entre la France et ses anciennes colonies.
Macron, « petit colon » du XXIe siècle
Le comportement de Macron illustre la continuité d’un racisme institutionnel et d’une arrogance héritée de l’époque coloniale. Ce « petit colon » moderne, qui aime donner des leçons au monde, oublie que la France porte une responsabilité écrasante dans les souffrances de l’Afrique et des Caraïbes. Des ressources pillées aux sociétés déstabilisées, les traces de l’intervention française sont visibles dans chaque crise majeure de l’hémisphère sud.
Aujourd’hui, ce racisme refait surface par des « gaffes » verbales déguisées en opinions. Mais soyons clairs : traiter les membres du CPT de « cons » n’est pas une gaffe. C’est une attaque directe contre la souveraineté d’Haïti et une insulte à son peuple.
Haïti ne pliera pas
Haïti n’a jamais plié, ni devant Napoléon, ni devant les manipulations impérialistes de ses successeurs. Et ce n’est pas un président français, en perte de vitesse politique sur son propre territoire, qui changera cela.
À M. Macron, nous disons ceci : la grandeur d’un chef d’État ne réside pas dans l’insulte ou l’arrogance, mais dans la capacité à respecter la souveraineté des autres nations et à reconnaître les fautes historiques de son pays. Si vous ne pouvez pas comprendre cela, alors vous porterez fièrement le titre de « petit Macron », président d’une République qui, malgré sa devise de « Liberté, Égalité, Fraternité », n’a jamais su appliquer ces principes au-delà de ses frontières.
Junior Moschino Remy
Journal La République