Crise politique en Haïti: “La voix du peuple doit être écoutée”, exige le Groupe de Travail sur la Sécurité

Dans une lettre ouverte publiée, 19 octobre 2022, par le Groupe de Travail sur la Sécurité (GTS), il appelle à une solution haïtienne reflétant la volonté du peuple qui foule le macadam. Il croit que la méfiance populaire d’une force militaire étrangère est fondée et plaide pour un appui à la PNH en vue de neutraliser les gangs tout en recommandant une nouvelle équipe constituée de technocrates pour diriger le pays.

Dans cette communication, le GTS présente les multiples raisons qui justifient le rejet populaire de la présence d’une force multinationale dans le pays. Cette position, présume la lettre est légitime. Selon le GTS, il y a nécessité d’agir en urgence pour retirer le pays dans ce bourbier où il se trouve. Mais, précise le signataire de cette correspondance, il faut que certaines conditions soient précisées.

“Il suffit de remonter au mois d’août 2022 pour trouver suffisamment d’affirmations de la part de membres du Congrès et de Sénateurs des États-Unis sur le caractère répréhensible et les effets dommageables de la politique étrangère américaine vis-à-vis d’Haïti. S’y sont ajoutées, il y a à peine deux mois, les déclarations de Luis Almagro, Secrétaire général de l’OEA, de Pamela White, ancienne Ambassadrice des États-Unis en Haïti, ainsi que de nombreux autres diplomates reconnaissant la méchanceté et la visée destructrice qui ont caractérisé les relations de la communauté internationale avec Haïti. En remontant un quart de siècle en arrière et même plus loin, ces relations donnent lieu au même constat : méfiance, ruse et malfaisances. Dix missions des Nations Unies, entre autres, ont laissé Haïti dans un état presque irréparable. Les institutions publiques de ce pays, déjà faibles, sont devenues dysfonctionnelles : la Police, la justice et les autres institutions garantes de l’état de droit ne sont plus que des zombies. La population, dans l’impuissance totale, constate son dépérissement de jour en jour ; la violence sur les femmes et les enfants et les assassinats de masse sont devenus des faits divers qui ne soulèvent plus l’indignation des amis d’Haïti. Les ingérences de la communauté internationale, en sélectionnant les dirigeants politiques d’Haïti et en établissant dans nos institutions publiques une culture de dépendance à l’égard de l’aide étrangère ont engendré instabilité, pauvreté et colère. En se basant sur les leçons de l’histoire, le peuple haïtien, aujourd’hui, n’a aucune raison de faire confiance à la communauté internationale”, peut-on lire dans la note.

” Il faut agir en toute urgence. Mais pas de n’importe quelle façon ni à n’importe quel prix. Il suffit d’écouter la voix du peuple haïtien. Le peuple a parlé avec ses pieds, en défiant la soif, la faim, la pluie, le soleil, les gaz lacrymogènes et les balles de la police”, poursuit la lettre ajoutant que les haitiens soutiennent des opérations militaires rapides et efficaces contre les gangs, avec la PNH et les FAd’H comme chefs de file. La plupart comprendront un accompagnement par une force opérationnelle tactique étrangère qui jouerait un rôle de soutien logistique et stratégique.

“Les détails de cet arrangement doivent être transparents et bien communiqués au peuple haïtien avant tout engagement”, insiste le GTS soulignant que les Haïtiens veulent un changement immédiat dans la gouvernance d’Haïti allant de pair avec l’opération de sécurité.

Vers cette mise en place, le GTS pense que l’opération est simple. Il donne les directives et la mission de la nouvelle équipe gouvernementale. ” Il semblerait assez simple d’adhérer à ces demandes spécifiques. Au moins l’aspect physique du problème de l’insécurité n’apparaît pas si compliqué à traiter à court terme. Cela pourrait prendre juste deux ou trois mois pour détruire les infrastructures physiques des gangs, si toute la puissance d’un effort conjoint entre la police, l’armée et une force tactique étrangère est utilisée. Cependant, les actions militaires et policières ne seront qu’une solution temporaire pour établir les conditions nécessaires à l’instauration d’une autre forme de gouvernance à même de changer la trajectoire du pays.
En d’autres termes, parallèlement aux opérations militaires, il est indispensable de rassembler un groupe de personnalités crédibles et respectées pour faciliter dans le court terme les conditions nécessaires à une compétition politique nationale et démocratique sur tout le territoire d’Haïti. Il est temps de faire place à des professionnels compétents et des technocrates intègres, incluant certains qui font déjà partie de l’administration actuelle, pour assumer la conduite de l’appareil de l’État avec seulement trois priorités : mettre en place une machine électorale permanente pour assurer des élections générales dans 12 mois ; rétablir les institutions de la justice et assurer le fonctionnement stable du système judiciaire ; établir un tissu de promotion et de protection sociale et réajuster à la baisse le coût de la vie en fonction de l’évaluation des besoins et des conditions de vie de la population”.