Une rencontre de haut niveau s’est tenue, hier mardi 1 juillet, entre la CARICOM et les principaux acteurs politiques haïtiens pour tenter de sortir Haïti de l’impasse politique profonde dans laquelle elle est plongée depuis plusieurs années. Ce dialogue, censé marquer un tournant dans le processus de transition, s’est heurté à une nouvelle impasse. Si l’ensemble des intervenants s’accordent sur un point “l’échec manifeste du Conseil Présidentiel de Transition (CPT)”, aucun consensus n’a émergé quant à sa substitution ni sur la gouvernance à adopter pour redonner à Haïti une trajectoire politique stable.
Magalie Comeau Denis, intervenant au nom du Bureau de Suivi de l’Accord Montana (BSA), a dressé un réquisitoire virulent à l’encontre des acteurs internationaux. Dans une charge frontale, elle a accusé les États-Unis, l’OEA, la République Dominicaine et même le CPT d’avoir contribué à l’aggravation de la crise haïtienne, tout en appelant à une révision du mandat du Groupe de Personnalités Eminentes (GPE) de la CARICOM. Elle a défendu l’idée d’une souveraineté nationale renouvelée : « Ce sont les Haïtiens qui doivent régler la crise, pas la communauté internationale », a-t-elle martelé.
Une position appuyée par Jean André Victor, représentant de l’Accord du 30 janvier, qui a appelé à intégrer toutes les forces sociales et politiques du pays, y compris les non-signataires de l’accord du 3 avril. Il estime que le salut d’Haïti réside dans l’inclusion, la transparence et un dialogue ouvert : « L’exclusion nourrit l’impasse. Il est temps de rompre avec cette logique. »
L’ancien Premier ministre bahaméen Perry Christie, qui co-dirige les efforts diplomatiques de la CARICOM, a rappelé que le destin d’Haïti appartient aux Haïtiens. Son appel à la responsabilité nationale résonne comme un avertissement : « Ce sont les Haïtiens qui décideront du futur gouvernement, mais il leur faut parler d’une seule voix. »
Pascal Adrien, l’un des représentants de l’Accord du 21 décembre, a plaidé pour une démarche concertée, soulignant que « la liberté ne se quémande pas, elle s’acquiert ». Il a invité les signataires et non-signataires de l’accord du 3 avril à s’entendre sur une formule de sortie de crise dans un délai maximal de deux semaines. Pour lui, le consensus national est le seul rempart contre une internationalisation définitive de la crise haïtienne. Toutefois, contrairement au BSA, il n’exclut pas la communauté internationale de la solution, suggérant une validation concertée avec cette dernière une fois l’accord trouvé.
Ted Saint Dic, membre de l’accord Montana, est venu rappeler l’urgence : « Nous n’avons plus le luxe du temps. L’alternative doit émerger des Haïtiens eux-mêmes. » Une déclaration qui met en lumière l’impératif pour les acteurs de proposer une issue claire et fonctionnelle à l’échec du modèle actuel.
Aucun progrès concret n’a été enregistré quant au remplacement du CPT, ni sur une nouvelle feuille de route pour la transition politique. Le climat actuel rappelle amèrement celui de la réunion de décembre 2024, où, déjà, les blocages internes avaient prévalu.
Malgré tout, un mince espoir subsiste. Les principaux groupes politiques se sont engagés à poursuivre les discussions dans un délai rapproché. Un consensus pourrait voir le jour sur une nouvelle formule inclusive de gouvernance, loin des logiques de cooptation ou de tutelle. Mais le temps presse.