La composition du Conseil Électoral Provisoire (CEP), où les membres sont nommés en fonction de leur affiliation à divers secteurs sociaux, affaiblit sa capacité à fonctionner impartialement et professionnellement. Cette approche fait du CEP une institution servant des intérêts sectoriels spécifiques plutôt qu’une mission démocratique nationale. En conséquence, les processus électoraux sont inefficaces, créant des conflits internes et des manques de crédibilité.
Le cadre électoral haïtien a institutionnalisé la pratique de sélection des membres du CEP à partir de divers secteurs sociaux, notamment les syndicats, les groupes d’affaires, les associations professionnelles et les organisations de la société civile. Bien que ce modèle vise à promouvoir l’inclusivité et à prévenir les interférences politiques, dans la pratique, il engendre des défis majeurs qui compromettent l’efficacité du conseil.
L’organisation des élections exige une expertise en droit électoral, logistique, gouvernance, systèmes d’information et résolution des conflits. Or, le processus de nomination actuel ne privilégie pas ces qualifications. Les membres n’ont pas les connaissances nécessaires pour gérer les procédures électorales complexes, ce qui entraîne des échecs opérationnels, des retards et une mauvaise gestion.
Étant donné que les membres sont nommés pour représenter des secteurs spécifiques, leur loyauté se porte souvent davantage sur les intérêts de ces groupes que sur l’intégrité du processus électoral. Cela les rend vulnérables aux pressions des figures influentes de leur secteur, compromettant ainsi la neutralité du CEP et ouvrant la porte à la manipulation politique et à la corruption.
Lorsque des individus aux expériences variées et aux intérêts divergents sont placés dans des rôles décisionnels clés, des conflits internes surgissent inévitablement. Les désaccords sur les procédures, les priorités et les influences extérieures entravent le bon fonctionnement du conseil. Au lieu de travailler ensemble pour organiser des élections libres et équitables, les membres s’opposent fréquemment, ce qui accentue davantage la méfiance nationale envers le système électoral.
Le CEP manque la cohésion, l’expertise et l’indépendance; ainsi son existence menace sérieusement la stabilité démocratique. Sa faiblesse donne des élections biaisées, des résultats contestés et une instabilité politique accrue. Une institution qui ne garantit pas la transparence électorale échoue dans sa mission, diminue la confiance du public, recule la participation électorale et multiplie les crises de gouvernance. De plus, sans un CEP compétent, les acteurs politiques exploitent le système, approfondissant la corruption et fragilisant les institutions démocratiques.
Pour restaurer la crédibilité et l’efficacité du CEP, je propose de baser le processus de sélection sur la compétence. Les membres du CEP doivent être sélectionnés en fonction de leurs connaissances et expériences en administration électorale, en droit, en gouvernance, en administration publique et en logistique. Leur capacité à gérer les opérations électorales doit être une condition préalable à leur nomination.
Une commission neutre et indépendante doit superviser la sélection des membres du CEP afin de garantir que les nominations soient fondées sur la compétence et non sur l’affiliation sectorielle. Cette instance doit inclure des experts en gouvernance, des professionnels du droit et des spécialistes des élections.
Tous les futurs membres du CEP doivent suivre une formation rigoureuse en gestion électorale avant d’entrer en fonction. Un processus de certification standardisé garantit que seuls des individus qualifiés soient chargés de superviser les élections. Des critères clairs devraient être établis pour évaluer la performance des membres du CEP. Ceux qui ne respectent pas les normes professionnelles seront remplacés, assurant ainsi la responsabilité et l’amélioration continue de l’institution.
Le système électoral haïtien n’est pas fondé sur la transparence, la neutralité et le professionnalisme. Tant que le CEP soit un organe dicté par la représentation sectorielle plutôt que par l’expertise, les élections continueront de souffrir d’inefficacité et de manque de crédibilité. La solution est évidente; privilégier la compétence plutôt que l’affiliation sectorielle pour que le pays bâtisse une institution électorale fiable, capable d’organiser des élections justes, transparentes et démocratiques, renforçant ainsi la stabilité politique et la confiance nationale dans le processus démocratique.
Bobb Rousseau, PhD
Business Coach
Policy Consultant