Il y a des personnages qui s’imposent par la rigueur de leur pensée, la constance de leur combat ou la noblesse de leur engagement. Et puis, il y a Caleb Jean-Baptiste, un homme en quête de lumière, errant de micro en micro, d’alliances brisées en proclamations délirantes, tel un naufragé politique qui ne comprend pas qu’il a déjà sombré.
Avocat au Barreau d’Aquin, Me Jean-Baptiste aurait pu se consacrer au droit, au service, à la dignité professionnelle. Mais il a préféré la boue des radios à la rigueur des tribunaux. Il a choisi les clashs, les coups de gueule, les vidéos ridicules sur Facebook, au lieu du travail discret et sérieux. Résultat : il est devenu l’ombre d’un agitateur, sans envergure, sans constance, sans colonne vertébrale.
Obsédé par la trajectoire de Me André Michel, il a tenté d’en reproduire les tactiques. Mais là où Michel, pour le meilleur ou pour le pire, a su cristalliser un courant, Caleb n’a suscité que gêne et raillerie. Car la politique n’est pas une copie carbone. Elle exige du charisme, de l’intelligence stratégique, une capacité de lecture du réel. Trois qualités dont Caleb Jean-Baptiste semble tragiquement dépourvu.
Il ne mobilise personne. Il ne fédère rien. Il saute d’une cause à l’autre, d’un groupe à un autre, comme un homme qui change de chemise en espérant qu’un jour, l’une d’elles le fera roi. Il s’est accroché à Me Arnel Remy, puis à Arnel Bélizaire, ensuite à Guy Philippe, Jeantel Joseph, et même à la Cour de cassation… pour finir par se fâcher avec tous. À ce rythme, il finira seul, devant un miroir, en train de se proclamer président d’un pays imaginaire.
Le plus troublant, ce n’est pas son ambition : tout le monde a le droit de rêver. Le vrai problème, c’est qu’il semble croire à ses propres illusions. Lorsqu’il déclare, droit dans les yeux, qu’il “sera le prochain Premier ministre d’Haïti”, on ne sait plus s’il faut en rire ou appeler un psychiatre.
Ce n’est pas un discours politique. C’est un symptôme.
Il est même allé jusqu’à faire parler sa concubine dans une conférence de presse pour qu’elle explique sérieusement pourquoi Caleb Jean-Baptiste serait l’homme providentiel de la nation. Cette mise en scène pathétique, grotesque, ferait presque pitié, si elle n’était pas aussi insultante pour l’intelligence du peuple haïtien.
Incapable de convaincre, il agresse. Incapable de proposer, il attaque. Il utilise le chantage médiatique comme une arme de dernier recours. Il attaque un directeur général parce qu’il n’a pas accepté de servir d’intermédiaire pour le propulser à l’international. Voilà à quoi se résume sa stratégie : l’intimidation, l’arrogance, et la mendicité politique déguisée en révolte populaire.
Mais le peuple n’est pas stupide. Il a vu clair. Il a compris qu’il n’y a, derrière le vernis de Caleb Jean-Baptiste, qu’un homme frustré, instable, désespérément en quête d’un poste qu’il ne méritera jamais.
Chaque apparition de Me Caleb Jean-Baptiste dans l’espace public abaisse un peu plus le niveau du débat national. Il incarne une génération de politiciens ratés, animés non pas par le sens du devoir, mais par la soif d’argent, de pouvoir et de reconnaissance facile. Il est le miroir de tout ce qu’il faut rejeter : l’opportunisme, la démagogie, le mensonge.
Caleb Jean-Baptiste n’est pas malade seulement de son ambition. Il est malade d’orgueil, de confusion, de solitude. Et c’est triste. Triste pour lui. Triste pour un pays qui n’a pas besoin de comédiens, mais de bâtisseurs.