Crise sociopolitique : l’insécurité éteint nos traditions culturelles

Les affiches de bals se font de plus en plus rare dans les rues de la capitale. Les périodes de turpitudes politiques ont eu beaucoup d’impact sur les activités culturelles du pays. Un manque à gagner pour l’industrie musicale haïtienne.

Il fut un temps où on aurait remarqué les grandes affiches de bals à l’approche ou à la fin de cette période pascale à chaque coin de rue de la capitale. Triste est de constater que les affiches brillent par leur absence..

Les crises qui ont saccagé le pays ont beaucoup affecté le secteur culturel haïtien. Les activités nocturnes fonctionnent à peine, les gens ont peur de sortir tard la nuit à cause de l’insécurité qui gangrène. Les réseaux sociaux jouent un rôle important dans ces moments difficiles. Les artistes de concert avec leur promoteur ont la possibilité performer en direct sur Instagram ou facebook.

Les promoteurs et les artistes ne verront pas débarquer la diaspora comme à l’accoutumée. Un immigré résident au canada, contacté par l’agence TranparansMM, nous confie sa peur sous couvert d’anonymat: “Rentrer en Haïti c’est mettre ma vie et celle de ma famille en danger, dix ans de cela j’aurais fait le déplacement rien que pour voir ma mère et mes soeurs, aujourd’hui je fais tout mon possible pour les retirer du pays, Haïti devient invivable et je suis triste pour les jeunes qui sont sensés être l’avenir du pays, pourtant ils sont sans repère. Dix ans de cela il y aurait des affiches partout pour cette période pascale mais avec la recrudescence de l’insécurité les promoteurs se voient obliger de penser autrement.”

Nous sommes au mois d’avril habituellement en cette saison, les marchandes de poissons, de vives alimentaires font mouche dans les rues, les enfants visionnaient en boucle La passion du Christ dans les chaînes de télévision, on sentait la joie des familles autour d’une table bien garnie. On avait le sourire de partager notre pain avec le voisin d’à côté et lui souhaiter “Joyeuses pâques”. Champs de Mars etaient le lieu de tous les rendez-vous, aujourd’hui, le stress, la peur ont envahi l’esprit de chacun, on ne se protège plus les uns les autres, c’est chacun pour soi, on est en sécurité nulle part même à l’église. On porte notre propre croix, nous nous sommes fait fouettés par notre propre ignorance, notre silence dans une société où les civils armés font la loi, à ce rythme, notre chemin de croix n’est pas prêt de se terminer.