Même pas la confiance d’une libellule

Cela fait déjà plusieurs semaines que les gangs rivaux s’affrontent dans divers coins de la capitale, notamment à l’entrée Sud. Pas moins de 4 départements géographiques sont directement touchés par cette guerre dont on ne connaît pas les dessous.

Aux yeux des autorités bavardes, menteuses, et incompétentes le pays est inattendument divisé comme si nous étions à l’époque de Goman. À la base de cette situation, la guerre des gangs armés qui sèment la terreur à Martissan , Cité Soleil , Bas-Delmas et autres. Accusés à tort ou à raison, les dirigeants n’ont, jusque-là, éprouvé aucune sensibilité pour la population victime, les déplacés surtout.

Les gens bourlinguent, vivotent et meurent comme si nous étions à Bagdad où les pauvres civils vivent au quotidien aux rythmes des éclatements des bombes et des détonations d’armes de guerre de différents calibres .

Au niveau de la troisième circonscription, repère des bandits, la circulation est totalement paralysée. Seuls les plus braves, et durs à croire ont emprunté la route de Martissan . Ceux qui habitent le Sud , Sud’est, les Nippes , la Grande’Anse sont dans la dèche. Ces départements sont éclipsés, enclavés. Le grand Sud est isolé de la capitale économique (Port-au-Prince) et des autres régions. Les conséquences sont énormes

Point n’est besoin d’être un spécialiste de l’économie pour dresser un tableau sombre de cette situation qui pourrait à n’importe quel moment tourner au vinaigre, alors que des milliers de personnes ont déjà fui leurs quartiers pour se mettre à l’abri. Quel abri ! Chaque quartier, chaque coin, chaque commune,chaque habitation a son chef, ses gangs. Les mesures annoncées pour combattre le banditisme n’ont pas eu d’effets escomptés.

Et les bandits ont profité de la faiblesse complice de nos dirigeants pour s’exhiber aux yeux du monde entier en mettant en déroute l’Etat central, soit le détenteur de la violence légitime.

Dans la troisième circonscription, les entreprises ont presque toutes vidé les lieux. Même les centres hospitaliers ne n’ont pas été épargnés de la terreur des bandits. N’en parlons pas des institutions financières qui s’y trouvent.

Le peuple haïtien, devenu amorphe, souffre amèrement bien avant cette bataille. Il subit des coups sans pouvoir les rendre. Éternel victime de la méchanceté des dirigeants, c’est maintenant ou jamais pour ce peuple de prendre en main le destin de son pays.

On a beaucoup souffert de ces jouisseurs, malfrats, cons, de ces dirigeants passifs et criminels. La recréation est terminée. C’est maintenant ou jamais de prendre en main le destin du pays qui a montré la voix de la liberté à tant de nations

Du haut de nos 200 ans d’indépendance, rien ne fonctionne aussi bien que la corruption et la criminalité d’Etat règne dans toute notre société: la corruption, l’insécurité, l’inégalité, la famine, la disette, les gangs armés, l’insécurité alimentaire … Les dirigeants en font leur cadet de leur soucis. Les gens meurent sous les balles des bandits, mais ils cherchent comment s’éterniser au pouvoir

En plein 21eme siècle, vivre dans un pays comme Haïti demande un certain niveau de bestialité, de surhumain, un conditionnement extrême dans la merde, dans la crasse surtout. Dans cette savane habitée, tout est volontairement mal organisé : une éducation à plusieurs vitesses, une presse noyée dans le galimatias politique, un Parlement à la fois juge et parti, une économie quasi-inexistante, une justice aux yeux débandés, au plus offrant, une société grouillant dans les mœurs et les vices de l’Occident.

Ici , rien ne fonctionne aussi bien que la corruption, la démagogie, la politique sale et le népotisme. Les concepts : tiers monde, quart monde sont devenus trop faibles pour qualifier la situation lamentable de cette savane habitée que nous nous enorgueillons à considérer comme pays, pourtant du point de vue organisationnel nous n’avons rien à voir avec le mot pays. Nous n’avons plus de place même dans les mauvais tableaux. Il faudrait inventer des concepts, des mots capables de décrire notre état.

En plus d’une désorganisation qui atteint son apogée dans l’administration publique, dans la vie nationale en général, nous assistons à une émigration outrancière de nos jeunes, de nos cadres. Ils quittent le pays parce que, chaque jour la vie devient de plus en plus difficile. Ils n’ont pas pu tenir face à cette situation qui ne fait que s’aggraver à chaque fois.

Sans force, sans respect, sans dignité, sans une politique étrangère solide, sans organisation adéquate digne d’une république indépendante depuis plus de deux cents ans, actuellement Haïti se cherche à tous les niveaux: politique, économique, culturel, éducatif, social, d’où la nécessité de repenser en profondeur la nation Haïtienne d’aujourd’hui.

Le pays s’effondre face à la crise politique et économique qui se pérennise. Tout est à refaire : la politique, le système de santé publique, l’éducation des jeunes…. Des millions sont jetées, lésées dans des activités qui n’ont rien à voir avec le progrès, le développement d’un pays alors qu’il nous manque tout pratiquement. Nos dirigeants sont dénués de tout bon sens, même celui d’une libellule.