Six jours après que le Sénat de la république ait raté l’occasion de se fixer clairement sur la question de la fin de mandat de Jovenel Moise, le sénateur, Pierre Paul Patrice Dumont, vient de proposer à ses collègues de faire alliance à la société civile afin d’envoyer le vibrant signal antidictature au monde entier. Leur rappellant que tout silence est coupable dans le contexte actuel, l’élu de l’Ouest leur invite à ne pas céder le pouvoir populaire au premier venant.
Il ne suffit pas d’être un intellectuel raffiné pour voir que le message du Sénat le 7 février dernier n’a pas fait honneur au sénateur Dumont. Il ne fait aucun doute non plus que les recents agissements du locataire du palais national le scandalise. Et en vue de pallier ces dérives de trop, le législateur appelle ses collègues à un complot contre l’instauration de la dictature.
L’ancien journaliste est catégorique : “face à ces horreurs tout silence est coupable. Nous sénateurs de la République, dépositaires collectifs de la souveraineté nationale, n’avons pas le droit de céder à quiconque le pouvoir que le peuple nous a confié. Associons nous aux entités, organisations, institutions de la société civile qui, dans la démocratie moderne, sont une extention de notre légitimité, pour faire savoir au monde entier que le président d’Haiti n’a d’autres pouvoirs que ceux que lui attribue la constitution”, a-t-il précisé dans sa note arguant que cet accord minimal est, insiste-t-il, dans le sens du devoir et du patriotisme de chaque sénateur restant.
Le sénateur n’a pas mis de gant pour signifier son desaccord à la position mitigée du Sénat le 7 février dernier qui ne s’est pas armé de courage pour se fixer clairement sur cet acte, dit-il, de forfaiture commis par le chef de l’état en prolongeant son mandat. En plus de cette forfaiture, le representant du département de l’Ouest a fait part de son regret de voir, precise-t-il, l’ancien président légitime rabaisse le pouvoir judiciaire à son cabinet privé, le pouvoir législatif à la nuisance d’un ennemi à exterminer, globalement l’État d’Haiti à une chefferie de la préhistoire.
Entre autres actes anti-démocratiques signalés par le sénateur, on cite : annulation du mandat de trois juges de la Cour de cassation et leur remplacement ; la repression sauvage de toutes manifestations de desaccord avec des actes du président au mandat échu ; arrestation d’une trentaine de citoyens parmi eux un juge de la Cour de cassation, pour motif de réunion et d’intention de coup d’État.