Depuis plus de deux siècles, le pays nage dans une précarité multiforme. Les uns et les autres se dédouanent, ce qui rend encore difficile la possibilité d’y remédier ou d’y faire face. Et cela occulte donc l’avenir de cette République qui a vécu tant de scènes d’horreur , du temps de l’esclavage à la chute de la dynastie des Duvalier. Les difficultés du présent doivent servir de motivation à une bonne frange de la population, dans le sens d’un compromis ; d’un dépassement historique, pouvant permettre d’oublier les querelles d’antan, afin de repenser les choses pour le bonheur de toutes les couches sociales.
Il est nécessaire de travailler à la transformation des espoirs perdus pour éviter le pire. Car, actuellement, en Haiti, il n’existe que des destins de classe, parce que, tout simplement, les droits des gouvernés (les plus infortunés) ont été soit bafoués, ignorés ou déniés par les gouvernants. La détermination sociale peut nous conduire à un changement radical si nous le désirons. En dehors de l’unité et de la fraternité, nous n’y parviendrons pas. À plus forte raison, nous devons trouver un moyen de bannir la mesquinerie, la division dans tous nos mouvements collectifs, visant à basculer, du bon côté, le cours de notre histoire de peuple digne et fier des exploits des généraux, des officiers et des soldats de la bataille du 18 novembre 1803. À cette heure-ci, il n’y a pas lieu de tergiverser. Il est donc urgent de passer de la parole aux actes pour réfuter la thèse de la malédiction haïtienne. Mais , contrairement à ce que pensent certains observateurs étrangers avisés, il n’existe pas de malédiction haïtienne.
Il convient aujourd’hui d’exhorter les haïtiens à s’unir pour le bien de la nation. D’autant que nous sommes de plus en plus nombreux à perdre le sens de la solidarité, de l’entraide, de l’unité et de la fraternité. Nous devons nous entendre sur quelque chose de concret , capable de nous permettre de bâtir un nouveau destin et de mettre fin à nos maux.
Haïti a connu et connaît encore de grosses difficultés, comme d’autres pays ayant vécu l’enfer de la colonisation , mais on peut surmonter ses effets ou ses conséquences , rien qu’en mettant la main à la pâte sans intérêts particuliers. Cela nous aurait permis de redonner vie aux multiples sacrifices consentis par nos devanciers , sans toutefois dédouaner ceux-là qui avaient exercé le pouvoir des responsabilités. Ils étaient hier , et sont aujourd’hui, responsables de nos drames de toutes les couleurs.
La situation du moment devrait nous rappeler l’histoire d’un esclave devenu militaire. On parle de Toussaint Louverture qui fut le précurseur de notre Indépendance. Le courage des aïeux devrait nous guider dans nos luttes pour le redressement de l’état actuel des choses. Car, on se le rappelle, lors de la bataille décisive de Vertières, le 18 novembre 1803, de nombreux soldats de l’armée indigène avaient perdu leur vie mais ils avaient mis en déroute l’armée Napoléonienne. Nous avions gagné la liberté. Le 1er Janvier 1804 , aux Gonaïves , nous avions proclamé notre ndépendance, de fort belle manière. Marchons sur les traces des héros de 1804. Agissons dans l’unité et la fraternité pour la sauvegarde de la patrie haïtienne.
Wadson Désir