Le rara haïtien est un patrimoine mondial

Le Rara est un patrimoine mondial qui a pris racines en Iraq puis s’était répandu en Palestine, en Afrique et en Amérique. En Haïti, plusieurs villes font du rara un élément culturel qui se fête le premier jeudi qui suit le mercredi des cendres jusqu’au dimanche des pâques.

Le rara a commencé comme un mécanisme d’adaptation que les premiers Noirs ont utilisé pour oublier l’humiliation qu’ils ont reçu de leur grand-père Noé qui les a maudit et chassé de l’arche tout en prononçant sur eux qu’ils seraient les plus bas des esclaves du monde. Après qu’un furieux Noé posa sa main sur l’épaule de Canaan, fils de Cam, sa peau (peau de Canaan) changea d’une couleur sombre.

Avec des instruments rudimentaires qu’ils ont reçu en troc au cours de route, tels que bambous, tambours, cornets, banjos, etc., réunis derrière Canaan qui tenait un fouet pour leur orienter tout au long du voyage qui a commencé en Mésopotamie, nouvellement Irak pour finir à Jéricho, anciennement Canaan et aujourd’hui la Palestine; les nouveaux Noirs, épaule contre épaule, chantaient et dansaient pour négliger leurs souffrances. Ils se disaient qu’ils portaient leurs charges aux pieds.

Tout au long de leur journée, ils ont pris des pauses aux devantures de grands marchés ou dans les cours de rois auxquels ils donnent des respects ou des salutations (ochan, lòmeyans) en échange pour des instruments ou de la nourriture. Ainsi, ils (les Noirs) furent les premiers trouvères et troubadours du système féodal.

Arrivés à Jéricho où ils se furent engagés comme esclaves en vue d’accomplir la prophétie de Noé, ils continuèrent à se défouler les soirs avec leurs instruments. En période de fêtes, ils voyageaient en famille pour visiter, manger, conniver, et danser avec d’autres membres qui eux prêtaient leurs services à d’autres patrons. Le rara était devenu une diversion culturelle incontournable qui a uni les esclaves à Jéricho si bien qu’ils l’ont apporté partout, ils y étaient pour offrir leurs services.

Sur les commandes de Moïse, ils furent chassés de Jéricho, qui à cette période a adopté le nom de Canaan, (sans relations avec Canaan, premier noir-esclave, fils de Cam et petit-fils de Noé) par les Israéliens qui se clamaient être les descendants d’Abraham et d’Isaac. Selon Moïse, Canaan était la terre que Dieu avait promis à leur père et pour cela, les Israéliens devraient aller réclamer leur héritage, par tous les moyens nécessaires. Les Israéliens ont marché sur Jéricho et ont détruit les murs que les esclaves en ont érigés pour protéger la ville. Ne trouvant aucun répit de l’atrocité israélienne, les esclaves ont fui vers l’Afrique de l’Ouest, laissant tout derrière eux, même une grande partie de leurs instruments de musique.

Chasser le naturel, il revient au galop ; durant leur journée vers l’Afrique de l’Ouest, le rara qu’à Jéricho, était utilisé comme un véhicule de divertissement, allait être utilisé encore une fois pour la même raison qu’il a été utilisé durant le voyage douloureux vers la Palestine; un mécanisme d’adaptation et d’acceptation.

En Afrique de l’Ouest, le rara a perdu son ampleur, car les esclaves y étaient dispersés à travers plusieurs pays et beaucoup d’entre eux n’arrivaient pas à se contracter avec les commerçants ou les nobles africains. Ce fut à travers le commerce du bois d’ébène communément appelé la Traite des Noirs ou le Trafic Triangulaire, plus précisément l’arrivée des esclaves en Amérique, que le Rara a refait surface dans les pays de la Caraïbe, notamment en Haïti qui semble être le seul pays à conserver l’intégrité et la culturalité du rara dans toute sa forme.

Le rara est vieux de plusieurs siècles. Il a été iraquien, puis palestinien, puis africain, puis dominicain et enfin haïtien où il s’intègre comme le maitre dans la culture haïtienne. Néanmoins, il fut transporté de continent en continent par une seule classe d’hommes ; les premiers noirs esclaves dont le coléreux Noé fut l’architecte et Canaan l’ancêtre.

De par sa tracée géographique et historique, le rara ne devrait pas se confiner dans les frontières d’une seule nation. Le rara existe sous une forme quelconque dans n’importe quel coin du monde foulé par un esclave. La presse et les structures raraesques haïtiennes telles que URAL, Rara Yogan, PLezi Lakay ainsi que le Ministère de la Culture doivent adresser une lettre à l’UNESCO pour requérir que le rara, tel qu’il existe en Haïti, soit déclaré un patrimoine mondial.

Dr. Bobb Rousseau