La présidence a annoncé, dans un communiqué laconique, que le Conseiller-Président Laurent Saint-Cyr s’est rendu ce lundi à Londres, au Royaume-Uni. Ce déplacement fait de lui le Conseiller-Président ayant effectué le plus de voyages à l’étranger, surpassant ainsi le très critiqué Frinel Joseph.
À chaque déplacement international, le Conseiller-Président perçoit une prime de 5 000 dollars américains, à laquelle s’ajoute un per diem de 1 000 dollars par jour. Dans un pays où l’État peine à verser les salaires de ses employés, où les diplomates haïtiens cumulent plusieurs mois d’arriérés, et où les hôpitaux publics manquent de tout, ces chiffres donnent le vertige.
Frinel Joseph, ce pasteur larron, avait déjà choqué l’opinion publique par ses nombreux voyages jugés inutiles, parfois organisés sous couvert d’invitations émanant d’organisations fictives ou d’églises inconnues. Plusieurs voix dénonçaient une stratégie d’évasion touristique déguisée en mission officielle, pour permettre à Joseph de voyager en famille, le tout aux frais du Trésor public.
Aujourd’hui, Laurent Saint-Cyr bat son record et hérite aussi de la controverse. S’il est vrai qu’il voyage seul, ce qui limite certaines dépenses logistiques, la fréquence et la justification réelle de ses voyages restent floues. Aucun rapport d’impact, aucun bilan public, aucun retour concret de ces missions n’a été partagé avec la population.
Le plus troublant dans ce tableau : l’hypocrisie silencieuse de l’administration. Alors que l’État prétend être à court de fonds pour payer les fonctionnaires, les caisses semblent pourtant toujours ouvertes pour financer les déplacements somptuaires des membres du Conseil Présidentiel.
Le cas de Smith Augustin, un autre conseiller-président, illustre cette dérive : récemment, il s’est rendu au Canada et aux États-Unis avec une délégation de 15 personnes pour « célébrer Pâques », voyage intégralement pris en charge par l’argent public.
Alors que le pays traverse une crise socio-économique grave, cette obsession pour les voyages, souvent, sans but clair ni retombée tangible devient un symbole éclatant de la déconnexion des élites politiques haïtiennes face aux urgences du pays. Le Conseil Présidentiel de Transition, censé incarner la rupture avec les pratiques opaques du passé, semble au contraire les perpétuer.
La population, elle, regarde, impuissante, pendant que les dirigeants parcourent le monde, pendant que le pays s’enfonce.