L’administration Trump a annoncé ce vendredi, selon Miami Herald, la fin du Statut de protection temporaire (TPS)pour les ressortissants haïtiens vivant aux États-Unis, une décision qui affectera directement plus d’un demi-million de personnes, dont certaines résidaient sur le sol américain depuis plus d’une décennie.

Le Département de la Sécurité intérieure (DHS) a justifié cette décision en affirmant que les conditions en Haïti se sont « suffisamment améliorées » pour que les citoyens haïtiens puissent rentrer chez eux en toute sécurité. « Cette décision rétablit l’intégrité de notre système d’immigration et garantit que le statut de protection temporaire est en fait temporaire », a déclaré un porte-parole du DHS.

Pourtant, cette évaluation contraste fortement avec les avertissements actuels du Département d’État américain, qui déconseille formellement tout voyage vers Haïti en raison de l’enlèvement, de la criminalité, des troubles civils et du manque d’accès aux soins de santé. La contradiction soulève des questions sur les critères utilisés pour juger la sécurité du retour.

La désignation actuelle du TPS pour Haïti prendra fin le 3 août, mais la résiliation officielle interviendra le 2 septembre. D’ici là, des milliers de familles haïtiennes pourraient se retrouver sans statut légal, exposées à des expulsions imminentes vers un pays ravagé par l’insécurité et la pauvreté.

Selon les Nations Unies, la situation en Haïti ne cesse de se détériorer. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) rapporte que 5,7 millions de personnes – près de la moitié de la population haïtienne – font face à une insécurité alimentaire aiguë. Depuis le 31 mars, une nouvelle vague d’attaques armées a aggravé une crise déjà désastreuse. Les gangs armés contrôlent désormais jusqu’à 90 % de Port-au-Prince, la capitale, et leurs activités s’étendent aux zones environnantes. Plus d’un Haïtien sur dix est déplacé par la violence, selon des sources humanitaires.

La décision du gouvernement Trump marque un nouvel assaut contre les protections migratoires mises en place par l’administration Biden. Depuis son retour sur la scène politique, Donald Trump s’est attelé à démanteler les dispositifs humanitaires existants, en s’appuyant sur des lois migratoires archaïques et rarement appliquées. Le programme de libération conditionnelle humanitaire, mis en place par Biden pour des immigrants originaires de Cuba, d’Haïti, du Nicaragua et du Venezuela, est lui aussi menacé.

Récemment, la Cour suprême des États-Unis a annulé une injonction qui bloquait l’administration Trump dans sa volonté de mettre fin à ce programme, plongeant des dizaines de milliers de migrants dans l’irrégularité du jour au lendemain, à l’exception de ceux encore couverts par le TPS.

Sur la piste de campagne, Donald Trump avait déjà tenu des propos controversés sur les Haïtiens, allant jusqu’à les accuser faussement de manger les animaux de compagnie de leurs voisins lors d’un rassemblement à Springfield, Ohio. Cette rhétorique xénophobe semble aujourd’hui trouver sa traduction dans une politique migratoire qui, selon les défenseurs des droits humains, met des vies en danger.

Alors que les institutions haïtiennes sont paralysées, aucune élection nationale n’ayant eu lieu depuis neuf ans, les expulsions vers ce pays déstabilisé soulèvent une question fondamentale : comment peut-on affirmer que les conditions sont réunies pour un retour “sûr” ?

Pour de nombreux Haïtiens aux États-Unis, la fin du TPS représente bien plus qu’une menace administrative : c’est un exil forcé vers le chaos.