Faut-il réduire la danse à une simple question de «Gouyad» ?

D’entrée jeu, je dis non. À ma connaissance, la danse peut se définir comme étant, « une activité ludique d’une ou de plusieurs personnes consistant à exécuter une suite de mouvements ordonnés au son d’une musique vocale ou instrumentale.

« Selon le dictionnaire Larousse la danse est : une suite de gestes et de pas définis par le rythme du support musical sur lequel on l’exécute, plus ou moins codifiée, et qui se pratique en couple ou en groupe. En se basant sur les définitions précitées, ce serait absurde de réduire la danse à seulement une question de mouvement des hanches « Gouyad »

Avec l’avènement des discs Jockey (DJ), en Haïti, et la popularisation d’un nouveau rythme musicale baptisé RABODAY, la « Danse » n’est plus ce qu’elle était il y a de cela deux ou trois décennies environ. Elle a perdu son charme et sa sublimation. La «gouyad » est devenue un geste transversale dans nos activités culturelles si ce n’est pas la quintessence même. Car, la «gouyad » occupe une place de choix.

Tant dans les vidéos carnavalesques, ou les vidéos clip, que dans les programmes en plein air, c’est partout pareil! On ne fait que “GOUYE”. C’est comme on dirait que si vous maitrisez très bien l’activité du mouvement des hanches, donc vous savez danser. Malheureusement, la danse est bien plus que ça!

À cet effet, les bons danseurs « érudits» se font de plus en plus rares dans le milieu Haïtien, notamment à travers les grandes villes ou les jeunes s’adonnent corps et âmes à des activités ayant aucun rapport avec la Danse, dans toute l’acceptation du terme.

Les vrais danseurs ont cédé leur place à ceux qui savent bien «gouye», Pike dada, fel Mache, du rabodayyy. C’est dommage! On dirait que, la notion de rythme n’existe plus pour nos jeunes danseurs « Bredjen & Blodè Resan» qui dansent quasiment de la même façon toutes les musiques.
Où sont passés les rythmes traditionnels ? «Djouba, kontredans, Matinik, Banda, Ibo, Petro pour ne citer que ceux-là ». Le Compas direct, tant bien que mal, résiste. Très puisé!

Ces rythmes qui, autrefois, faisaient la richesse, la beauté, de notre culture en tant que peuple, sont en train de disparaitre à nos yeux. Tout ceci est résultat d’une acculturation outrance de nos jeunes, «bredjen » ou «blodè resan »

Combien d’entre nous, de nos jours, qui savent danser un boléro ? Pire, nos enfants ne savent même pas ce que c’est un boléro, Ibo, encore moins pour kontredans .Nous vivons désormais au rythme de l’occident. L’acculturation abusive tue notre si belle culture.

Que ce soit dans les festivités, au bord de la mer, dans les night club, ou au champs de Mars etc…. quasiment tout le monde danse en « gouyan » que reste-t-il de la danse en Haïti ?

Questionné à ce sujet, le maestro Lanois Camillus en a fait le même constat. «Les valeurs haïtiennes s’effritent, et ce, à tous les niveaux. Même la culture n’est pas épargnée de ce dilemme » s’indigne le saxophoniste, arguant par ailleurs que l’occident en est pour beaucoup.

Autrefois, les responsables des établissements scolaires organisaient des « Kermesse » et il y a avait aussi les bals des enfants. Ainsi, on en déduit que les jeunes dansaient au rythme du bon compas direct. Aujourd’hui c’est la débandade la plus totale » a regretté l’ancien musicien de la caserne de Dessalines.

À la télévision, dans les journées récréatives, au bord de la mer, ou de la piscine, dans les activités en plein air, le mouvement des hanches est au rendez-vous. “Gouye” au tant que vous voulez, comme bon vous semble, une chose est sure, la danse reste et demeure un art très respecté et toujours valorisé.