Dans le spécial numéro 40 du journal officiel, Le Moniteur, a été publié le Décret Portant Création, Organisation et Fonctionnement de l’Agence Nationale d’Intelligence (ANI). Cette nouvelle institution, très décriée, a fait couler beaucoup d’encre. Ses agents, placés après le Président seul seigneur après Dieu, ont été élevés au rang de demi-dieu qui n’ont de compte à rendre au commun des mortels.
Considérant que l’insécurité, les crimes en bande organisée et les attaques des organisations criminelles nuisent au bon fonctionnement de la société et menacent les intérêts fondamentaux de la Nation, entre autres, après délibération en Conseil des Ministres, il a été créé “un service techniquement décontré relevant du Ministère chargé de l’intérieur dénommé: ” Agence Nationale d’Intelligence” ayant pour sigle: “ANI” ” mentionne l’article 1er du Décret Portant Création, Organisation et Fonctionnement de l’Agence Nationale d’Intelligence (ANI).
Ladite agence , a pour attributions de “contrecarrer et réprimer les actes et menaces de destabilisation globale; rechercher, collecter, exploiter et mettre à disposition du Gouvernement des renseignements relatifs aux enjeux géopolitiques et stratégiques ainsi qu’aux menaces et aux risques susceptibles d’affecter la vie de la Nation et contribuer à la connaissance et l’anticipation de ces enjeux ainsi qu’à la prévention et à l’entrave de ces risques et menaces; maintenir des relations et réaliser des opérations communes avec les agences de renseignement des pays amis, mais aussi avec les pays n’entretenant pas de relations avec l’État d’Haïti afin de préserver la paix et la sécurité à l’intérieur des frontières nationales; recevoir et exécuter le mandat d’enquêter pour la justice, appréhender les personnes recherchées par l’autorité judiciaire et les déférer devant les instances compétentes” stipule entre autres l’article 5 dudit décret.
Recrutés au sein de la Police Nationale d’Haïti, des forces Armées d’Haïti et au sein de la Société, le personnel de l’agence peuvent selon l’article 45 “être en contact, par le moyen d’échanges électroniques et dans les conditions prévues par les règlements internes de l’Agence, avec des personnes susceptibles de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation; extraire, acquérir ou conserver par ce moyen des données sur les personnes mentionnées au 1) du présent article; extraire, transmettre en réponse à une demande expresse, acquérir ou conserver des contenus provoquant directement à la commission d’actes de terrorisme ou en faisant l’apologie”.
Avec tois ces pouvoirs, les agents ont la garantie de ne pas être poursuivis pour leurs actions. Leur procès-verbal fait foi et ” aucune action en justice ne peut être intentée contre un agent pour les actes posés dans le cadre de l’exercice de ses fonctions sans les sanctions administratives préalables de l’Inspection Générale des services de renseignement et sans l’autoriaation expresse du Président de la République” prescrit l’article 49.
Avec d’énormes pouvoirs, les agents de l’ANI n’ont de compte à rendre au commun des mortels. Celui qui, après Dieu a plus de pouvoirs en Haïti leur a conféré ce pouvoir qui dérange diverses organisations de la société civile et inquiète le Core Group.