Pour qu’un pays soit correctement gouverné, la cohésion au sommet de l’État est indispensable. C’est une exigence incontournable, et dans le contexte actuel d’Haïti, elle revêt une importance capitale. Le pays ne peut se permettre les divisions, contradictions ou intérêts partisans au sein de sa direction.
Aujourd’hui, avec sept présidents se surveillant mutuellement pour mieux s’entre-déchirer, la gestion du pays est non seulement paralysée, mais elle s’enfonce chaque jour davantage dans la crise. Dès le départ, il était évident que cette formule de gouvernance, fondée sur une présidence à sept têtes, était vouée à l’échec. En instaurant un système de rotation à la tête de l’exécutif tous les cinq mois, on n’a fait qu’aggraver la situation, ouvrant la voie à des crises de succession répétées. Cette décision, motivée par des intérêts étroits, peut être qualifiée de criminelle, mesquine et cynique.
Pendant ce temps, des massacres continuent à endeuiller le pays. Il y a deux jours, 70 personnes ont été tuées dans l’Artibonite. Le sang coule, les bandits deviennent plus audacieux et les cris des victimes résonnent dans un désert où l’État est totalement absent. À cette crise interne s’ajoute une pression extérieure de plus en plus inquiétante. Le président dominicain Abinader, après avoir menacé de déporter 10 000 Haïtiens chaque semaine, semble désormais mettre sa menace à exécution, exacerbant la crise humanitaire. Aux États-Unis, Donald Trump annonce un programme de déportation massive, incluant la fin du TPS (Temporary Protected Status), tandis que Joe Biden met fin à son propre programme d’immigration temporaire.
Cependant, l’histoire ne doit pas s’arrêter là. Ces sept présidents irresponsables ont des parrains et marraines, des acteurs haïtiens qui ont activement soutenu et validé cette aberration politique. Aujourd’hui, après avoir contribué à cette situation catastrophique, ces parrains se taisent, tentant de se faire oublier. Leur silence est complice et les rend tout aussi coupables que ceux qu’ils ont placés au pouvoir.
Il est impératif de profiter de cette crise pour mettre fin à l’indécente résolution qui maintient à la présidence trois hommes que l’ULCC (Unité de Lutte Contre la Corruption) renvoie devant la justice pour corruption. Il est urgent de dissoudre ce Conseil présidentiel, qui n’est rien de plus qu’un gang supplémentaire, constitué de bandits légaux, et de revenir à une gouvernance rationnelle avec une présidence unique et stable.
Il est plus que temps de rompre avec l’accord funeste du 3 avril, qui ne prévoyait même pas de présidence tournante, et de répondre aux défis actuels : lutter contre l’insécurité, accueillir nos compatriotes expulsés et permettre à la population de choisir librement ses dirigeants. Haïti ne mérite pas le spectacle macabre et humiliant imposé par la vénalité et l’irresponsabilité de cette poignée de politiciens.