Dans le cadre d’une enquête en cours pour corruption active, Raoul Pierre Louis, ancien président du Conseil d’administration de la Banque Nationale de Crédit (BNC), est attendu le 14 novembre prochain devant le juge d’instruction Benjamin Ferismé au tribunal de première instance de Port-au-Prince. Cette convocation fait suite aux investigations menées par l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), qui a publié un rapport accablant sur des pratiques de corruption impliquant des personnalités influentes du Conseil Présidentiel de Transition (CPT).
Les accusations portées contre Raoul Pierre Louis et plusieurs hauts responsables pointent vers un réseau de corruption systémique au sein des institutions publiques. Selon le rapport de l’ULCC, Pierre Louis aurait été incité à verser des pots-de-vin en échange de sa reconduction à la présidence de la BNC, pour un montant total s’élevant à 100 millions de gourdes. Parmi les personnes visées figurent Lonick Léandre, ancien consul, ainsi que trois conseillers présidentiels, Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire, et Louis Gérald Gilles.
Les enquêteurs de l’ULCC ont mis en évidence des preuves tangibles venant étayer les accusations de corruption, parmi lesquelles des échanges téléphoniques et des transactions financières jugées suspectes. Ces éléments démontreraient les tentatives de plusieurs membres du CPT de profiter de leur influence pour obtenir des fonds en échange de faveurs. Le rapport détaille également l’intervention présumée de Lonick Léandre en tant qu’intermédiaire pour faciliter les transactions, consolidant ainsi les accusations de corruption et d’abus de pouvoir à l’encontre des personnalités impliquées.
L’enquête a également mis au jour une réunion secrète qui aurait eu lieu à l’hôtel Royal Oasis, à Pétion-Ville, au cours de laquelle Raoul Pierre Louis aurait été sommé de verser une importante somme d’argent pour conserver son poste. Incapable de réunir la totalité des fonds en liquidités, l’ancien président de la BNC aurait proposé d’autres formes de compensation, incluant des actifs de la banque.
L’ULCC souligne dans son rapport l’existence d’un arrangement discret visant à octroyer aux membres du CPT des cartes de crédit pré-approuvées par la BNC. Cet arrangement aurait permis aux membres du conseil de bénéficier de fonds en dissimulant les transactions suspectes. Cette pratique soulève de graves interrogations sur l’utilisation abusive des ressources de la BNC, institution publique censée veiller sur les finances de l’État haïtien.
Cette affaire, emblématique de la corruption qui gangrène les institutions publiques en Haïti, pourrait bien marquer un tournant. La convocation de Raoul Pierre Louis et d’autres responsables renforce la détermination des autorités à lutter contre l’impunité et à instaurer une transparence au sein des institutions. Cependant, de nombreux observateurs estiment que la mise en lumière de ce réseau de corruption nécessitera des réformes profondes pour empêcher la répétition de tels abus de pouvoir.