Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), subit déjà son premier échec retentissant. En vertu de l’article 14 de l’accord du 3 avril qui a permis au CPT de prendre le pouvoir, il est stipulé que « le Conseil Présidentiel nomme et publie la liste des membres composant le Conseil Électoral Provisoire dans l’esprit de la Constitution de 1987 dans un délai ne dépassant pas 60 jours, à compter de la date de l’installation du Gouvernement. » Or, plus de trois mois se sont écoulés depuis l’installation du gouvernement, et ce délai n’a pas été respecté.
Sur les neuf secteurs de la société civile qui devaient désigner leurs représentants au Conseil Électoral Provisoire (CEP), plus de quatre sont dans l’impasse totale, incapables de s’entendre sur un choix. Cette situation d’inertie expose cruellement l’incapacité du CPT à remplir l’une de ses premières responsabilités : assurer la mise en place d’un CEP fonctionnel pour organiser les prochaines élections.
La gestion du dossier électoral incombe au Conseiller-Président Frinel Joseph, un ancien trésorier du CEP. Celui-ci a tenté de dénouer la crise en écrivant aux différents secteurs concernés pour les exhorter à s’entendre sur leurs représentants respectifs. Cependant, malgré de multiples réunions, les désaccords persistent et aucune entente n’a pu être trouvée.
Le 5 août 2024, Jean Raymond André, Directeur de Cabinet du Conseiller-Président Frinel Joseph, a rencontré les représentants des secteurs paysan (4G, RENAPA, OCODER et KODEPA) et syndical (BSAC, CNOHA, UNSMT et COSHARCD), qui restent profondément divisés sur le choix de leurs représentants. Les tentatives de médiation de Frinel Joseph, y compris des convocations au bureau et des discussions prolongées, se sont révélées vaines.
Les tensions ne s’arrêtent pas là. Selon des déclarations faites à la Radio Caraïbes FM par un représentant du secteur Vodou, le Conseiller-Président Fritz Jean a rencontré plusieurs membres de ce secteur pour essayer de les forcer à s’entendre, sans succès notable. Cette incapacité à obtenir un consensus reflète non seulement un manque de leadership, mais aussi une crise de confiance entre les secteurs de la société et le CPT.
Face à cette impasse, le président du CPT, Edgard Leblanc, avait pris acte du retard dans le processus de formation du CEP le mois dernier. Un délai supplémentaire avait été accordé jusqu’au 26 août 2024 pour permettre aux secteurs de finaliser leurs choix. Mais ce délai, comme les précédents, n’a abouti à rien de concret. Les dernières informations indiquent que le CPT envisage de publier un CEP incomplet dans le journal officiel, avec seulement six ou sept membres au lieu des neuf attendus.
En agissant ainsi, le CPT expose non seulement son incapacité à mener à bien ses responsabilités, mais compromet également la crédibilité du processus électoral dans un pays déjà fragilisé par des crises politiques successives. Le Conseil, qui doit organiser des élections générales d’ici le 7 février 2026 pour remettre le pouvoir, se trouve dès lors en position de faiblesse.