À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la corruption, Me Hans Joseph, directeur général de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), a livré un discours marquant au cours d’une cérémonie organisée à Port-au-Prince. Sous le thème choisi par les Nations Unies cette année, « S’unir avec la jeunesse contre la corruption : former l’intégrité de demain », Me Joseph a plaidé pour une mobilisation de la jeunesse mondiale, en particulier celle d’Haïti, afin de bâtir une société fondée sur des valeurs d’intégrité et de justice sociale.
S’adressant à un public composé notamment du président du Conseil présidentiel de transition, Leslie Voltaire, et du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, Me Joseph a rappelé que les 1,9 milliard de jeunes à travers le monde représentent un levier essentiel pour éradiquer ce qu’il a qualifié de « mal en apparence incurable ». « L’intégrité de demain est le seul remède viable contre ce virus qui divise et polarise la société », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité de responsabiliser les jeunes pour construire une Haïti plus équitable et transparente.
L’ULCC a entrepris de nombreuses initiatives pour sensibiliser les jeunes, notamment la création de clubs d’intégrité dans les écoles, ainsi que la publication d’un guide anti-corruption à leur intention. « Notre objectif est de former une nouvelle génération de fonctionnaires vertueux et engagés », a affirmé Me Joseph, soulignant l’importance d’une éducation axée sur l’éthique et la transparence.
Au-delà de la sensibilisation, l’ULCC mène une lutte active contre la corruption par des enquêtes rigoureuses. Me Joseph a annoncé que, ces quatre dernières années, l’institution a transmis plus de cinquante rapports d’enquête à la justice et traité plus de cent vingt dossiers liés à la non-déclaration de patrimoine. Il a exhorté les autorités judiciaires à faire preuve de fermeté pour restaurer l’ordre et la justice dans le pays.
Il a également dénoncé « l’évidence de l’impunité et de la corruption » qui gangrène le tissu social haïtien, affirmant que chaque acte de corruption équivaut à une « balle perdue » privant la société de ses ressources et de son avenir. « La criminalité se nourrit de la corruption, et la corruption prospère en situation de criminalité », a-t-il ajouté.
Me Joseph a salué les récentes avancées en matière de lutte contre la corruption, notamment l’élaboration d’une nouvelle stratégie nationale soutenue par l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) et le Canada. Parmi les priorités : l’adoption d’une loi sur le libre accès à l’information et la protection des lanceurs d’alerte.
L’État haïtien a également rejoint le « Réseau GlobE », la plus grande plateforme internationale des autorités anti-corruption. Me Joseph a affirmé que cette intégration démontre la volonté du gouvernement de traquer les dilapidateurs des fonds publics à l’échelle mondiale. « Aucun refuge ne sera accordé aux corrompus », a-t-il martelé.
Dans son discours, Me Joseph a exhorté les jeunes à devenir des « disciples anti-corruption », capables de prendre en main leur avenir. « Nous continuons, avec conviction, à demander et à exiger des comptes à tous les opérateurs de la corruption », a-t-il conclu, appelant à une union intergénérationnelle pour transformer Haïti en un modèle de gouvernance éthique.
La cérémonie, marquée par la présence de hautes personnalités de l’État, a illustré la gravité du fléau de la corruption et l’urgence d’une action concertée pour y remédier. La jeunesse haïtienne est ainsi appelée à devenir le fer de lance de cette lutte cruciale pour le développement et l’avenir du pays.