En cette Journée Internationale des Droits de l’Homme, un groupe de personnalités haïtiennes, composé d’avocats, de politologues et de responsables associatifs, a adressé une lettre ouverte au président de la République Populaire de Chine, Xi Jinping, pour dénoncer ce qu’ils appellent l’échec des Nations Unies en Haïti et les graves menaces de génocide qui pèsent sur le peuple haïtien.
Dans leur lettre, les signataires saluent la récente position de la Chine au Conseil de Sécurité, refusant la proposition de certains États Membres d’envoyer une nouvelle mission onusienne en Haïti. Ils rappellent les propos de l’Ambassadeur de Chine à l’ONU, Zhang Jung, qui, en 2021, avait déclaré que “Haïti ne peut pas atteindre la stabilité sans son autonomie” et que “L’ONU n’a rien fait en Haïti.” Les signataires soulignent l’illégalité de la présence des missions onusiennes successives, notamment la MINUSTAH (2004-2017) et le BINUH (2019-présent), qu’ils considèrent contraires à la Constitution haïtienne et à la Convention de Vienne sur le Droit des Traités.
Le groupe remet en question l’efficacité de l’ONU en Haïti en évoquant deux décennies d’interventions sans résultats significatifs. “Est-ce qu’Haïti, en 2024, est un État stabilisé ?” demandent-ils. Leur réponse est sans appel : “NON”. Ils relèvent l’augmentation des violences, des massacres, des kidnappings et des violences de gangs, malgré la présence de l’ONU.
Les signataires dénoncent également l’irresponsabilité de l’ONU face aux violations des droits humains commises par ses propres troupes. En 2010, les casques bleus ont été responsables de l’introduction du choléra en Haïti, causant la mort de milliers de personnes. Quatorze ans plus tard, ils déplorent l’absence de réparations sérieuses pour les victimes. L’ONU, selon eux, a aussi refusé des actions humanitaires cruciales, comme l’envoi d’hélicoptères-ambulances pour secourir les victimes du choléra dans les régions montagneuses.
Les signataires expriment également leur indignation face à l’attitude des États-Unis et de la France, membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui ont proféré des insultes racistes envers Haïti et ses habitants. Ils citent les déclarations de l’ex-président américain Donald Trump, qualifiant Haïti de “shithole country”, et du président français Emmanuel Macron, traitant les Haïtiens de “cons” et de “tueurs”.
La lettre met aussi en lumière l’implication des États-Unis dans le trafic d’armes vers Haïti, alimentant les groupes terroristes et les gangs qui semencent la terreur dans le pays. Les signataires affirment que l’ONU reste passive face à ces violations flagrantes et que son inaction constitue une complicité dans les violences subies par le peuple haïtien.
Enfin, la lettre dénonce les tentatives des États-Unis d’instaurer une nouvelle mission onusienne, dont les troupes kenyanes, négociées par Washington, sont accusées de ne rien changer à la situation de l’insécurité chronique. Ils soulignent que la paralysie des forces armées haïtiennes reste un obstacle majeur à toute solution durable.
Dans cette lettre ouverte, les signataires appellent la communauté internationale, notamment les membres du Conseil de Sécurité qui n’ont pas participé à l’humiliation d’Haïti, à prendre des mesures concrètes pour garantir la souveraineté du pays, la sécurité de sa population et le respect de ses droits fondamentaux. Ils exigent que l’ONU recouvre ses principes fondateurs, en particulier ceux relatifs au droit à la vie, à la sécurité, à la libre circulation et à l’autodétermination des peuples.
Le texte se conclut par un appel à l’action en faveur du peuple haïtien et pour mettre fin à ce qu’ils considèrent comme un génocide en cours, alimenté par une complicité internationale silencieuse.
Signataires :
-Me. Wiselaine Dorcelus
-Av. Jean Alex Raphael
-Me Dalencia Dorchard
-Me Enock Thimoté