Deux mois après l’arrivée des premiers policiers kényans en Haïti pour diriger une force de sécurité multinationale, l’administration Biden envisage de transformer cette mission en une opération de maintien de la paix traditionnelle des Nations Unies. Cette décision potentielle, révélée par le *Miami Herald* ce mercredi 4 septembre, est motivée par des difficultés de financement et d’équipement.
La mission actuelle, dirigée par le Kenya et financée principalement par les États-Unis, coûte environ 200 millions de dollars tous les six mois. Cependant, l’administration américaine peine à attirer des contributions volontaires suffisantes. En transformant la mission en une opération de maintien de la paix de l’ONU, les États-Unis espèrent résoudre les problèmes de financement, la mission étant alors couverte par les contributions habituelles des États membres de l’ONU. De plus, cette transition permettrait d’apporter des équipements supplémentaires, tels que des hélicoptères et un hôpital capable de réaliser des interventions chirurgicales, des ressources actuellement manquantes.
La transformation de la mission nécessiterait l’approbation du Conseil de sécurité de l’ONU, une étape qui pourrait s’avérer complexe en raison des positions de la Chine et de la Russie. Renata Segura, directrice du programme pour l’Amérique latine et les Caraïbes au Groupe de crise, souligne que cette proposition reflète les défis à mobiliser un soutien pour ce type de mission en dehors des canaux traditionnels de l’ONU. Elle note aussi une fatigue générale parmi les donateurs potentiels concernant la situation en Haïti.
Robert Rae, ambassadeur du Canada auprès de l’ONU, a déclaré que le renforcement de la mission de sécurité doit être discuté. Selon lui, la mise en place d’une mission de maintien de la paix nécessite non seulement le soutien des membres permanents du Conseil de sécurité, mais également un engagement financier mondial pour répondre à la crise humanitaire actuelle en Haïti, la plus grave depuis le tremblement de terre de 2010.
Malgré la présence de 400 policiers kényans sur le sol haïtien, les gangs armés continuent de contrôler une grande partie de la capitale, Port-au-Prince, et de forcer des milliers de personnes à fuir leurs maisons. La mission est critiquée pour son effectif limité, jugé insuffisant pour stabiliser le pays. En réponse, les États-Unis et d’autres pays continuent d’explorer des options pour renforcer la mission de sécurité et garantir un soutien durable à Haïti.
Le Secrétaire d’État américain Antony Blinken prévoit de se rendre à Port-au-Prince cette semaine pour discuter de la situation sécuritaire avec le gouvernement haïtien. La mission de soutien actuelle doit être renouvelée devant le Conseil de sécurité de l’ONU le 30 septembre. Depuis son autorisation initiale en octobre 2023, la mission a connu plusieurs obstacles, y compris des contestations judiciaires au Kenya et des retards de financement au Congrès américain.