L’assassinat de Jovenel Moïse : Une énigme non résolue et des questions qui dérangent

L’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 reste l’un des crimes politiques les plus choquants et mystérieux de l’histoire récente. Quatre ans plus tard, en mars 2025, l’affaire demeure non élucidée, laissant place à des spéculations, des théories contradictoires et un sentiment profond d’injustice parmi les Haïtiens. Qui a vraiment tué Jovenel Moïse ? Pourquoi les récits officiels semblent-ils si fragiles et incohérents ? Et pourquoi la communauté internationale n’a-t-elle pas soutenu une enquête locale approfondie et un procès équitable pour faire la lumière sur ce crime ? Ces questions, parmi tant d’autres, continuent de hanter Haïti, un pays déjà en proie à l’instabilité et à la violence.

Un crime aux multiples zones d’ombre

Selon les rapports officiels, Jovenel Moïse a été assassiné chez lui par un commando armé composé de mercenaires étrangers, principalement des Colombiens, et des Haïtiens. Cependant, les détails entourant sa mort soulèvent plus de questions que de réponses. Par exemple, comment un groupe de mercenaires a-t-il pu pénétrer aussi facilement la résidence présidentielle, censément hautement sécurisée ? Pourquoi les gardes du président n’ont-ils pas réagi de manière plus efficace ? Et pourquoi les récits de la veuve, Martine Moïse, notamment dans ses interviews avec des médias comme le New York Times, semblent-ils si inconsistants ?

Beaucoup d’Haïtiens ne croient pas à la version officielle de l’assassinat. Certains se demandent même si Jovenel Moïse a vraiment été tué cette nuit-là ou s’il a simplement disparu. D’autres soupçonnent que les véritables commanditaires du crime sont encore en liberté, protégés par des réseaux puissants tant en Haïti qu’à l’étranger. Ces doutes sont renforcés par le fait que l’enquête n’a pas abouti à des conclusions claires et que les procès aux États-Unis et les assises en Haïti ont été expéditifs, sans révéler l’ensemble de la vérité.

La communauté internationale : Un rôle ambigu

La communauté internationale, souvent prompte à condamner les violations des droits de l’homme et les crimes politiques, a été étonnamment silencieuse dans le cas de l’assassinat de Jovenel Moïse. Pourquoi n’a-t-elle pas insisté sur une enquête indépendante et transparente, menée par des experts internationaux en collaboration avec les autorités haïtiennes ? Pourquoi n’a-t-elle pas soutenu un procès équitable qui aurait pu servir d’exemple historique pour la justice en Haïti ?

Au lieu de cela, les États-Unis ont rapidement jugé et condamné certains mercenaires colombiens et haïtiens impliqués dans le crime, mais sans explorer les liens potentiels avec des acteurs plus puissants. Cette approche fragmentaire a laissé l’impression que les véritables coupables, y compris les commanditaires intellectuels, n’ont pas été inquiétés. Pourquoi cette précipitation à clore le dossier sans répondre aux questions les plus cruciales ?

Martine Moïse : Entre ambitions politiques et silences troublants

La veuve de Jovenel Moïse, Martine Moïse, a joué un rôle central dans le récit de l’assassinat. Cependant, ses déclarations publiques, notamment dans les médias américains, ont été critiquées pour leur manque de cohérence. Pourquoi Martine Moïse n’a-t-elle pas révélé toute la vérité sur ce qui s’est passé cette nuit-là ? Est-ce par peur, par manque de connaissance, ou pour protéger des intérêts plus larges ?

De plus, ses ambitions politiques précoces après la mort de son mari ont suscité des interrogations. Peu de temps après l’assassinat, Martine Moïse a lancé une forme de campagne politique, ce qui a été perçu par certains comme une tentative de capitaliser sur la tragédie. Cela a alimenté les soupçons selon lesquels elle pourrait être impliquée dans une lutte de pouvoir plus large, ou qu’elle aurait des informations qu’elle refuse de partager.

Les trous dans l’histoire : Une vérité cachée ?

Les incohérences dans les récits officiels et les enquêtes incomplètes ont laissé de nombreux trous dans l’histoire de l’assassinat de Jovenel Moïse. Par exemple, pourquoi les caméras de surveillance de la résidence présidentielle n’ont-elles pas fourni d’images claires de l’attaque ? Pourquoi les témoignages des gardes et des membres du commando divergent-ils ? Et pourquoi les liens potentiels entre les mercenaires et des acteurs politiques ou économiques puissants n’ont-ils pas été explorés en profondeur ?

Certains observateurs avisés estiment que l’assassinat de Jovenel Moïse pourrait être lié à des luttes de pouvoir internes en Haïti, impliquant des élites politiques et économiques. D’autres évoquent la possibilité d’une implication étrangère, notamment en raison des intérêts géopolitiques et économiques dans la région. Ces théories, bien que non prouvées, méritent d’être examinées de près.

Propositions pour faire la lumière sur l’affaire

1. Enquête internationale indépendante: Une commission d’enquête internationale, composée d’experts impartiaux, doit être mise en place pour réexaminer l’assassinat de Jovenel Moïse. Cette commission devrait avoir accès à toutes les preuves, y compris les rapports des services de renseignement haïtiens et étrangers.

2. Transparence totale : Tous les documents et enregistrements liés à l’assassinat, y compris les images de surveillance et les témoignages des gardes, doivent être rendus publics.

3. Protection des témoins : Les témoins clés, y compris les membres du commando et les gardes du président, doivent être protégés pour qu’ils puissent témoigner librement sans crainte de représailles.

4. Implication de la société civile : Les organisations de défense des droits de l’homme et les médias indépendants doivent être impliqués dans le processus pour garantir la transparence et la crédibilité de l’enquête.

5. Pression internationale : La communauté internationale, en particulier les États-Unis, l’ONU et l’OEA, doit exercer une pression constante sur les autorités haïtiennes pour qu’elles coopèrent pleinement avec l’enquête.

Une vérité qui ne peut rester cachée

L’assassinat de Jovenel Moïse n’est pas seulement une tragédie personnelle pour sa famille ; c’est un coup dur pour la démocratie et la justice en Haïti. Quatre ans après ce crime, les Haïtiens méritent des réponses claires et des actions concrètes. La vérité ne peut rester cachée éternellement, et ceux qui ont orchestré ce crime doivent être tenus responsables. La communauté internationale, les autorités haïtiennes et la société civile doivent travailler ensemble pour faire la lumière sur cette affaire et rétablir un semblant de justice dans un pays déjà trop éprouvé.

L’affaire Jovenel Moïse est bien plus qu’un crime politique ; c’est un test pour la justice et la transparence en Haïti et dans le monde. Il est temps de répondre aux questions qui dérangent et de rendre justice à un peuple qui en a trop longtemps été privé.

 

Références :
1. Rapports officiels sur l’assassinat de Jovenel Moïse (2021-2025)
2. Articles du New York Times et d’autres médias internationaux sur l’affaire
3. Déclarations de Martine Moïse dans les médias
4. Rapports des organisations de défense des droits de l’homme en Haïti
5. Analyses d’experts sur les implications politiques et géopolitiques de l’assassinat