La construction du canal de Ouanaminthe : la pomme de discorde entre la République Dominicaine et Haïti

En pleine crise depuis deux ans, Haïti fait face à un énième difficulté, en l’occurrence l’hostilité dominicaine qui s’opposait radicalement à la construction du canal de Ouanaminthe. Ce dossier a attiré tous les projecteurs durant la dernière trimestre. Les deux Gouvernements peinent encore à trouver une entente pendant que la République voisine essaie par tous les moyens faire échec à ces travaux.

Initié sous l’administration de Jovenel Moïse, le projet de construction du canal attaché à la rivière Massacre a été interrompue. La population de la commune frontalière de Ouanaminthe, a repris les travaux cette année en attirant sur elle l’animosité des dominicains qui ne jurent que par la suspension des travaux. Du côté des haïtiens fouettés dans leur orgueil, c’est le levier “Adelante” qui est activé. :Kanal la pap kanpe”.

Le 15 septembre 2023, la République dominicaine met ses menaces à exécution en décidant de fermer toutes ses frontières à Haïti alors que les deux Républiques étaient en discussion en vue d’un accord. Cette situation a poussé le Gouvernement Haïtien à abandonner les pourparlers en signe de protestation. En outre, l’ambassadeur dominicain accrédité en Haïti a été convoqué par l’État Haïtien qui lui a fait savoir la frustration haïtienne face à l’attitude tyrannique de son Président.

Cette mesure dominicaine a mis de l’huile dans le moteur Haïtien qui a vu quasiment tous les secteurs se mobiliser autour du projet. Le 15 septembre, les Mairies du Sud-est avaient organisé une activité de levée de fonds pour soutenir les travailleurs du canal. Plusieurs personnalités, groupements, associations, se sont mobilisés autour du projet en apportant leurs soutiens multiples en vue d’éviter la suspension du chantier. Un élan de solidarité qui a poussé le comité de gestion a informer, le 28 septembre, les donateurs de l’obligation qu’ils ont de contacter le comité à l’avance afin d’une meilleure coordination des intrants.

Dans l’intervalle, le Gouvernement d’Haïti a publié des notes pour se fixer. Si l’État ne s’est pas manifesté dans la construction, il a pourtant endossé la cause en précisant le doit Haïtien de faire des prises sur la rivière. Dans cette veine, des dominicains et haïtiens ont manifesté devant l’Université Columbia à New-York contre les agissements trop appuyés de la République dominicaine. Une manifestation qui s’est déroulée en prélude à la 78ème assemblée générale des Nations Unies.

À l’occasion de ce rassemblement, le Premier Ministre Haïtien n’a pas courbé l’échine face à son homologue dominicain qui a fait de ce dossier une priorité des priorités. Sans langue de bois, M. Henry a été on ne peut plus claire et ferme sur le droit Haïtien d’utiliser comme les dominicains le canal. Position que l’ambassadeur d’Haïti à l’OEA, Léon Charles a repris avec autorité. Toutefois, mis à part ses positions diplomatiques, le Gouvernement se garde de soutenir le projet financièrement, techniquement ou sous d’autres formes.

Le 11 octobre, la République dominicaine a ordonné la réouverture partielle de ses frontières seulement pour des activités commerciales. Une décision qui n’a pas stimulé Haïti qui a gardé jusqu’aujourd’hui les siennes encore fermées. Une gifle qui ne plaît pas aux dominicains. Dans l’intervalle, le Gouvernement d’Haïti a rencontré le comité de gestion et leur a fait des promesses. Entre autres choses promises, il s’engageait à fournir un appui technique, scientifique et financier, avait rapporté les membres du comité suite à la réunion tenue, le 27 octobre 2023. Toutefois, ce comité se disait prudent face à ce Gouvernement au regard de la mission du comité.

En vue de déboulonner ce contentieux, une mission de l’OEA a séjourné dans l’île voisine, le 17 octobre 2023. Cette même mission était annoncée en Haïti du 30 au 31 octobre dernier, selon l’ambassadeur Haïtien à l’OEA. Cela n’a pas calmé les ardeurs des dominicains qui ont fait une nouvelle provocation, le 7 novembre, en faisant une démonstration militaire le long de la frontière.

En définitive, cette crise qui a fait du tort aux deux nations, continue de s’envenimer plus de cinq mois après. Les provocations dominicaines n’arrêtent pas, couplées, au laxisme du Gouvernement Haïtien. Près de 6 mois après, le contentieux est loin de trouver un dégel.

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