La transition circulaire, source des gouvernements illégaux et illégitimes, dépourvus de contrôle, de transparence et de reddition de comptes, est la forme de gouvernance que les élites politiques, sans ancrage populaire et déconnectées du réel, veulent imposer au pays. Cette classe politique, incompétente et corrompue, aidée par des organisations de la société civile ainsi que certains représentants de l’oligarchie, soutenue par une certaine frange de la communauté internationale, a permis à celle-ci de passer cinq ans au pouvoir sans élections. Cinq ans, c’est le temps d’un mandat présidentiel.
Ce Conseil présidentiel de transition (CPT), totalement corrompu et médiocre, comptant en son sein cinq inculpés pour corruption, doit être forcé à se démettre. C’est un cas d’iniquité nationale !
Chaque jour qui passe est une nouvelle déchéance. Il est temps de mettre fin à cette tragédie nationale en remettant le pouvoir à un(e) juge issu(e) de la Cour de cassation pour assurer la présidence provisoire d’Haïti en vue d’un retour à la normalisation de la vie politique, démocratique et institutionnelle du pays.
Je l’ai souligné à maintes reprises : le recours à la Cour de cassation est la seule formule crédible qui puisse assurer la neutralité du processus électoral devant conduire à des élections libres et transparentes, malgré mes réserves sur la compétence politique de la Cour à faire face à la réalité complexe actuelle. Le recours à la Cour de cassation, en tout cas, me semble être le moindre mal face à la pourriture actuelle qui crée un absolutisme présidentiel. Il faut revenir au bon sens. Dans un État moderne, le pouvoir appartient aux institutions républicaines, dont la mission est de protéger l’intérêt général, et non aux groupes qui défendent ceux de leurs membres.
Le Conseil présidentiel, par son clientélisme et sa prise de contrôle de l’administration, détruit l’esprit de service public. Nous devons mettre fin à cette dérive. Le peuple, détenteur exclusif de la souveraineté qu’il n’a jamais déléguée, doit reprendre le pouvoir qui lui revient. À ce titre, il a la légitimité de décider de la mise en place d’un gouvernement, soit par la voie du concours, soit par celle du recours, dans lequel il investit sa confiance pour restaurer la sécurité publique et éviter qu’au sein de ce désordre général, chaque citoyen n’exerce son propre pouvoir régalien.
La classe politique haïtienne a offert ce qu’elle pouvait : trois interventions militaires étrangères sur notre sol en moins de trente ans. Ce n’est pas seulement un échec, c’est une faillite monumentale de nos idéaux. Elle doit être reléguée au musée de l’histoire, aux côtés de ce passé humiliant et honteux. Il est temps de bâtir le présent et l’avenir. C’est cette bataille citoyenne que je vous invite à mener. Si vous partagez la même conviction, la même détermination que moi, unissons nos forces et combattons pour cette noble cause. L’heure est à l’action patriotique !
Nous marchons donc vers la fin de quelque chose, pour éviter que tout prenne fin dans l’absurde, donnons le pouvoir à un(e) juge de la Cour de cassation. Cela est raisonnable !
Ensemble, faisons en sorte que notre nation se relève, se réinvente et prospère, en mettant fin à ce cycle de dépendance et en redonnant à Haïti sa dignité et sa souveraineté.
Sonet Saint-Louis av
Professeur de Methodologie et de droit constitutionnel, á la Faculté de droit et des sciences économiques de l’Université d’État d’Haiti.