Lutte contre la corruption : le déni face à la réalité

Entre autres promesses faites par le président Jovenel Moise figure celle de mener une lutte acharnée contre la corruption. Néanmoins, d’aucuns s’interrogent sur les voies et moyens qui seront mis en place, notamment au niveau de l’appareil judiciaire pour juguler cette machine infernale qui se taille déjà une place dans nos quotidiens.

À quelques mois de la fin de son mandat constitutionnel, rien n’a véritablement changé. Les corrupteurs, les dilapidateurs ont le champ libre. Qui pis est, son gouvernement est considéré comme le plus corrompu de toute l’histoire d’Haïti, tenant compte du lot d’accusation dont il fait l’objet. On peut citer : le dossier de la surfacturation des kits scolaires, de Dermalog, de Petro Caribe, de SOFIDAI…et j’en passe.

Pour un gouvernement qui se donne pour mission de combattre la corruption, c’était l’occasion favorable d’envoyer des signaux clairs, de tracer un exemple, en prenant des mesures drastiques d’une rare rigueur pouvant démontrer que réellement les corrupteurs n’auront pas la partie facile. Malheureusement, tel n’est pas le cas. Puisque rien n’est dit, rien n’est fait. À défaut de combattre la corruption, ce régime est accusé d’être en parfaite imbrication avec les personnes qui y sont impliquées.

Quant à la justice, elle fait la soude oreille volontaire sur pratiquement tous les dossiers relatifs à la corruption notamment ceux impliquant les proches de ce régime honni, et les actes de remue-ménages se multiplient en vue de bouiller toutes les pistes.

Les institutions de contrôle, comme l’Unité de la lutte contre la corruption (ULCC), de l’Unité centrale de renseignements financiers (UCREF) ont tous passés outre de leur prérogative pour devenir de vrais instruments de nuisance contre les opposants politiques.

Le directeur général de l’ULCC, Hans Ludwig, se montre très intéressé dans le dossier de ONAPHARMA/ONAMART, parallèlement , il n’a pas pipé mot dans le dossier de Dermalog, de Petrocaribe , de SOFIDAI, de surfacturation des kits scolaires, des dépenses farfelues du gouvernement pendant la période de Coronavirus, de l’achat des blindés etc, alors que ces dossiers et bien d’autres sont émaillés de soupçons de corruption.

Haïti est le nom du pays ou un président veut lutter contre la corruption en protégeant ses amis , ses ministres corrompus, augmentant le budget de la présidence, du parlement, et en diminuant celui de l’appareil judiciaire – se référant au montant alloué dans la loi de finance 2017-2018 – une instance pourtant incontournable dans la lutte contre la corruption, ou le chef de l’Etat ,garant de la bonne marche des institutions, s’est contenté uniquement de changer de poste ceux qui sont soupçonnés de corruption, de blanchiment et/ou de dilapidation.

M. le président de la République, les discours ne suffissent pas pour lutter contre le fléau de la corruption, encore moins dans un pays comme le nôtre ou la corruption est devenue notre tasse de thé.

Voulant combattre la corruption dans un pays comme Haïti, signifie, M. le Président, être prêt à toucher là où le bât blesse, à grossir, à n’importe quel prix, le rang des ennemis. Sinon, la lutte contre la corruption restera que dans les discours chiasses.