Pilate, un petit paradis enclavé faute d’infrastructure routière

À quelques 56 kilomètres de la ville du Cap-Haïtien, se trouve la commune de Pilate. l’Ancienne 9e section communale de Plaisance est traversée par les trois rivières au cœur du massif du Nord. Elle est élevée au rang des communes en 1889 et composée de huit sections communales qui sont : Ballon, Bodin, Joly, Margot Dubourg, Piment, Rivière Laporte, Ravine Trompette.

Sa verdure, son climat, sa position géographique, sa faune et sa flore… font de ce morceau coin de terre un lieu paradisiaque, mais pourtant un peu isolé et enclavé en raison de mauvaise condition des deux routes principales.

Pilate n’est pas épargné de l’absence des infrastructures routières qui ronge le pays dans son entier. En passant par Gros-morne, la commune limitrophe, le trafic en commun n’existe pas. Seulement les motocyclettes de marque 125 CC et les véhicules de marque Land Cruiser plus connu sous l’appellation (Zo Reken) peuvent pratiquer ce circuit avec beaucoup de difficultés.

Depuis plusieurs décennies, la question de la route devient une promesse de campagne pour tous les candidats. Les jours passent, la route se détériore beaucoup plus en dépit des efforts de certains groupes de citoyens de bonne volonté.

Il est 7 heures 30 du matin, nous sommes à Carrefour Landjèz, le centre commercial de la commune située à quelques encablures de la Place Dame. Des groupuscules y sont formés tous les jours à pareille heure pour discuter… Tous les sujets sont permis : sport, politique, culture, connaissance générale, éducation et autres.

Un peu à l’est, un homme vertu de noir grillait tranquillement sa cigarette devant un bar avec ses amis, il s’agit de Me Antoine Paul, l’un des candidats malheureux à la députation aux dernières élections livre ses impressions sur la situation de la commune.

« Pilate est sans doute l’une des plus belles communes du Nord. C’est un endroit attrayant où, en dépit des problèmes, il fait beau de vivre. Malheureusement, la commune est très mal représentée », tempête-t-il.

Pilate, dit-il, devrait avoir une route en bon état pour non seulement permettre aux touristes locaux de venir l’explorer, mais aussi pour faciliter le commerce des paysans a-t-il expliqué.

Vlan ! Son sac noir et rouge au dos, casque de protection à la tête, Placide Maxime, s’apprête à quitter la commune, sa commune natale. Il est appelé de toute part par des chauffeurs de taxi moto, comme le cas à chaque passager qui arrive à la station. « Cela fait 24 mois depuis que je mettais les pieds ici, en raison de l’état lamentable de la route. C’est de la mer à boire martèle-t-il . Toutefois, Pilate, à ne pas confondre avec Piatre, reste jusqu’au moment où je vous parle une très belle commune. Quand je m’y trouve, je n’ai pas envie d’aller. Il fait frais, calme…

Maître Pierre Maxime Duclos, professeur retraité, ancien maire de la commune, assis devant son récepteur écoutant une édition de nouvelle sur la galerie de sa résidence privée, situé au cœur du centre-ville, mais dans un calme presque plat. « Lorsque j’étais le maire titulaire de la commune en 2008, nous n’avions pas de grand moyens comme toutes les autres communes du département d’ailleurs, mais des efforts ont été consentis pour améliorer le tronçon de route (Pilate-Plaisance) qui était dans un état très déplorable. Malheureux les actuels dirigeants l’abandonnent pratiquement, a regretté l’ancien chef de la commune.

Heureusement nous avons des citoyens conséquents dans la zone. Ils se sont regroupés pour améliorer certaines parties dont, Fokodjè, Monn Savon. Sinon, la commune serait totalement fermée sur elle-même.

Bien flanqué de sa blouse bleue, James Boyard, médecin résident à l’hôpital Esperance de Pilate parle de ses expériences. Je prête mes services depuis 2 ans, sans vous cacher, l’une des plus belles communes que j’aie connues dans le cadre de mon travail », a-t-il dit.

La première fois, je me pose des questions relatives à la mauvaise condition de la route. C’était tellement lassant. J’étais totalement déçu, mais en y arrivant je me suis dit, si elle avait une route acceptable, ce serait pour moi, l’une des plus belles communes du département », témoigne ce professionnel de la santé qui est originaire du département de l’Ouest du pays.

Le dilemme de la route pèse très lourd sur cette commune qui a beaucoup de potentiels, en raison de sa beauté, son calme, sa diversité biologique, ses denrées très accessibles. Malheureusement, la mauvaise condition des routes fait d’elle un endroit quasiment écluse.