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Les homosexuels dans les quartiers populaires : entre préjugés, stéréotypes et violences !

Le cliché des Ghettos on le connaît tous, drogue, prostitution, banditisme et j’en passe. Que cela soit dans la 3ème circonscription de Port-au-Prince, où règne de puissants chefs de gang, où partout ailleurs dans les quartiers populaires, le quotidien des homosexuels n’intéresse personne. Mais l’agence TransparansMM s’est penchée sur un cas bien particulier à Martissant plus précisément à 5ème Avenue Bolosse.

Certains pourraient dire : « on n’est pas né homosexuel, on le devient ». Cette légèreté dans le traitement des cas des homosexuels s’avère être fausse. Aujourd’hui l’agence TransparansMM a fait la rencontre de Jean (nom d’emprunt) qui vit depuis 27 ans à la 5ème Avenue Bolosse.

Jean est un jeune de Martissant, né dans un corps d’homme, mais qui se sent intérieurement femme, selon ses dires. Il a dû arrêter l’école, sans terminer ses études classiques, à cause des moqueries de ses camarades de classe. “On m’appelait “ti bouzen masisi”. Certains me proposaient de l’argent pour coucher avec eux, c’était insultant, chaque année scolaire c’était la même rengaine, un jour j’y suis plus allé(e) jusqu’à aujourd’hui ”

Jean nous a confié qu’il est né efféminé, qu’il n’a jamais cherché à se travestir ou à jouer le gay, ses parents eux-mêmes n’arrivent pas à expliquer sa différence. En voyant Jean grandir de façon différente, des jeunes enfants de son âge sont souvent restés inquiets et perplexes. ” J’ai eu 3 enfants, une fille qui est l’aînée, un garçon et Jean. Quand il avait 5 ans il m’a clairement dit qu’il était une fille et non pas un petit garçon, vers l’âge de 14 ans, il a voulu changer d’identité, on n’a pas accepté”, déclare la mère de Jean.

Comme signalé tantôt, Jean vit à 5ème avenue. A 27 ans, il a grandi avec les gens qui connaissent son histoire et qui ne cherchent jamais à le nuire, mais avec l’insécurité qui prévaut dans son quartier, quasiment tous les jeunes avec qui il a grandi ont quitté la zone. Son lot de problèmes devient ceux et celles qui viennent s’y installer, en d’autres termes, les nouveaux venus. “J’ai grandi avec des jeunes de mon quartier qui ont laissé la zone par peur d’être la victime des civils armés, ils m’ont connu, compris, et j’étais libre de faire des blagues avec eux sans arrière-pensée, mais avec cette vague de nouveaux venus dans la zone, tous les jours j’ai droit à des insultes, des préjugés et ils me traitent de tous les noms. Je n’y prête pas attention mais psychologiquement ils me tuent à petit feu. J’aurais bien aimé leur faire comprendre que je fais partie des LGBTQ , j’ai des droits et une vie aussi, mais ils ne comprendront pas.

Jean se sent comme une femme prisonnière dans un corps d’homme, il se sent plus attirer vers les hommes que les femmes. Mais depuis 27 ans, il n’a jamais eu de relation, car il n’est pas assez viril pour courtiser les filles, et pas trop efféminé pour s’approcher des garçons, du coup il n’a jamais eu de relation sentimentale. N’empêche que, Jean chérit l’envie d’entamer une vie amoureuse, mais à l’étranger où on pourra mieux le comprendre, nous raconte-t-il.

À Martissant, Jean peut compter sur le soutien de ses parents et quelques voisins qui l’ont vu grandir. Malgré les insultes des nouveaux venus, il intègre facilement les activités sociales de la zone.” Je ne veux pas me laisser intimider. Je ne peux pas répliquer avec eux parce qu’ils ont le bras très long et par peur de représailles je fais la sourde oreille, mais c’est mon quartier, l’endroit qui m’a vu naître et ” mwen pap kitel pou pyès moun paske mwen diferan de yo”, nous rassure-t-il d’un ton impérieux.

“Je ne peux pas compter le nombre de gays et de lesbiennes qu’il y a dans la zone, certains ont fait leur “coming out” d’autres pas. Par contre ils entretiennent des relations en cachette avec des filles et des garçons de la zone sans que leurs parents ne s’en aperçoivent, moi on veut me lapider parce que je suis une femme dans un corps d’homme, ce n’est pas cruel ça?” S’interroge Jean.

La communauté LGBTQ est une grande famille en Haïti Malgré les préjugés et l’hypocrisie dont certains font montre. On se rappelle de Charlot Jeudi assassiné dans sa résidence privée et jusqu’à aujourd’hui l’enquête suit son cours. Qui osera oublier Maïkadou le célèbre makeup artiste qui a connu le même sort ? Ne serait-il pas grand temps de lever la voile sur le sujet et le débattre avec humanisme et sincérité? Le genre, l’orientation sexuelle de la personne, font-ils ou d’elles des rejets de la société?

Toujours faut-il savoir que la communauté LGBT se veut représentative des personnes non hétérosexuelles et cisgenres. Elle est parfois complétée par la lettre Q pour être plus inclusif qui désigne “queer” ou en “questionnement sur son orientation sexuelle. Dans le cas de Jean, il n’est pas hétérosexuel certes, mais il n’est pas non plus un homosexuel, Jean est une personne transgenre puisque son identité n’est pas en accord avec le sexe biologique assigné à sa naissance.

Quoique le terme Gay soit parfois utilisé de façon abusive pour désigner l’ensemble des perpétrés LGBT, d’autres termes se veulent plus inclusifs comme “altersexuel” ou MOGAI qui signifie “marginalisé, orientation, identité de genre et intersexe”.

Ici en Haïti, la communauté LGBTQ se lance dans une guerre sans merci sur les réseaux sociaux et dans certains médias de la capitale. Si on se rappelle de Charlot Jeudi le militant engagé auprès de ladite communauté, il voulait que toutes personnes faisant partie de la communauté aient le droit de vivre comme tout être humain normal. Ces droits sont déversement connus largement dans le monde et la problématique des droits LGBTQ a été abordée par les Nations Unis notamment par le biais des rapports.

En Haïti, la tolérance à la communauté LGBTQ est 0. Le festival Massi Madi qui a failli avoir lieu dont l’initiateur n’était autre que le regretté Charlot Jeudi a fait couler beaucoup d’encre. Ce festival voulait dépeindre la réalité des communautés LGBTQ à travers les films, des expositions et des discussions. Fort malheureusement, les organisateurs ont été menacés de mort. Plusieurs hommes politiques, dont l’ex sénateur Jean Renel Sénatus ont rejeté d’un revers de main cette initiative. “C’est un festival qui prévoit faire la promotion de l’homosexualité en Haïti.” Ce dernier avait déposé une plainte formelle auprès du commissariat de la capitale haïtienne.

Peut-on parler d’hypocrisie dans la société haïtienne quand on sait que le nombre de personnes homosexuelles ou transgenres qui sont sous couverture et n’osent pas faire leur “coming out” sont assez considérable? Ils sont peut-être des politiques du pays, des hommes d’affaires ou de simples citoyens!

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