La mort de Jovenel Moïse replace du jour au lendemain Haïti au centre des investigations internationales. Cela ramène sur la table des questions difficiles. Quelques heures après l’assassinat, le plus haut représentant des USA, le président Joe Biden a fait une déclaration non sans importance. Il dit attendre un rapport sur ce qui s’est passé !
Quelques jours plus tard, plusieurs agences de police débarquent dans le pays avec pour mission d’aider à retrouver les auteurs, complices et coupables de cet assassinat crapuleux ! Cependant, cette pléthore de services d’investigations sur le territoire haïtien, traduit conséquemment une perte résiduelle de souveraineté et d’autonomie d’enquête. Enquêter sur l’assassinat de Jovenel c’est comme entrer dans un labyrinthe !
Il y a trois types d’enquêtes que l’on doit mener simultanément ! Ces enquêtes sont indispensables au nom du droit à la vérité et du devoir d’informer ! Il y a l’enquête journalistique ! Autrement appelée investigation journalistique. Cette enquête vise généralement à faire éclater les scandales, les zones troubles, à mettre à nue des grands et des puissants ! Des politiques qui souvent ont failli à leur mission. Dans le cadre d’un assassinat aussi grave, les journalistes d’investigation sont indispensables à la recherche de la vérité.
Toutefois, les journalistes ne servent qu’à faire éclater les scandales, faire les scoops ! Leur travail s’arrête là car dépourvus de forces répressives. Il y a ensuite l’enquête policière. La police a pour mission d’enquêter afin de réunir les preuves, les indices, les éléments de preuves susceptibles d’aider à reconstituer les faits. Lorsque la police n’est pas suffisamment professionnelle et crédible, les enquêtes sont généralement biaisées, orientées afin de protéger des grands, des puissants. C’est pourquoi à chaque cas grave comme l’assassinat d’un chef d’Etat, des démissions suivent dans les 24 heures! Des nouvelles personnes viennent afin de mener l’enquête pour renforcer la crédibilité de l’institution. Dans la cas dont on parle, tout le CSPN devrait être renvoyé et se met à la disposition des enquêteurs de police!
Vient enfin l’enquête judiciaire! Celle-ci établit la qualification des faits, reconstitue le fil des événements, identifie les auteurs, coauteurs, les complices et les victimes. Elle établit l’histoire, la motivation, les causes apparentes et les causes profondes et finalement remet à un jury criminel, lorsqu’il y a mort d’homme, la charge de se prononcer sur la culpabilité! Cette enquête est longue, patiente, éreintante et surprenante ! En posant la question suivante : « à qui profite l’assassinat d’un chef de l’Etat? », le juge d’investigation criminelle (provisoire/juge d’instruction), (définitif/juge de jugement) pourra en vertu de l’autorité de juger, pourra apprécier les faits, les indices, les preuves, juger des intentions, des témoignages et fixer les responsabilités.
Somme toute, l’on comprendra pourquoi les institutions doivent être solides et crédibles. Dans les circonstances comme celles-ci, on a l’illustration la plus éloquente de nos faiblesses!