En putréfaction, Port-au-Prince se prépare à danser son carnaval de 15 millions de gourdes

Plutôt que d’apporter des éléments de réponses à des problèmes criants qui rongent la capitale, le maire titulaire, Luckson JANVIER a lancé officiellement, lundi 13 février, le carnaval de Port-au-Prince qui se déroulera les 19, 20 et 21 février prochain de 10 heures du matin à 6 heures de l’après-midi – un carnaval spécial !

De concert avec le comité d’organisation, l’agent intérimaire Luckson Janvier a procédé, le lundi 13 février 2023, au musée du Panthéon national, lors d’une conférence de presse, au lancement officiel du carnaval de Port-au-Prince, une capitale en état de putréfaction avancée.

« Rekonsilyasyon pou lape » est le thème retenu cette année pour le déroulement de ces festivités qui se tiendront du 19 au 21 février prochain dans un climat de peur et d’insécurité grandissante. A quelques jours de la tenue de cet évènement la situation socioéconomique, politique et sécuritaire de la capitale n’a pas changé. Des tas d’immondices encombrement ce qui reste des trottoirs délabrés et vétustes, dégageant des odeurs de puanteur. Quant a la TORNADE 1 annoncée par la DG ai de la PNH , elle a changé de direction.

Alors qu’il se plaint toujours d’un manque de moyens pour aborder, par exemple, le problème de l’insalubrité, qui relève de ses prorogatives constitutionnelles, Luckson Janvier et consorts vont lésiner pas moins de 15 millions de gourdes pour organiser un carnaval insipide, dans une ville regorgée de détritus et plongée dans le noir depuis des mois.

Cette édition aura une singularité : l’heure. Pendant les trois jours gras, de 10 heures du matin à 6 heures de l’après-midi, cinq groupes musicaux vont vomir, de la rue Oswald Durant au champ de Mars, des décibels selon ce qu’a affirmé le comité d’organisation qui se réserve le droit de citer des noms.

Jusqu’au moment du lancement officiel de l’événement, les responsables des groupes musicaux retenus n’ont pas encore paraphé le contrat faut-il souligner. Des groupes à tendance RACINE qui avaient fait les beaux jours de cette festivité dans les années antérieures sont également annoncés.

Insalubrité, insécurité généralisée, la chereté du coût de la vie, blackout, kidnapping, rareté des produits pétroliers… aux yeux du magistrat, ces problèmes sont loin d’être suffisants pour annuler cette manifestation culturelle qui chaque année perd de son charme et de son symbolisme. Yves PENEL, directeur du théâtre national, une institution qui n’existe que de nom aujourd’hui, se réjouit du fait que le maire ait pris la décision d’organiser le carnaval cette année.

Le carnaval est la plus grande manifestation culturelle du pays. C’était un rendez-vous à ne pas manquer où les artisans, les artistes etc exposent leurs œuvres et leurs talents créatifs. Dans le contexte actuel, l’organisation du carnaval à Port-au-Prince attise la colère de plus d’un.