« C’est le temps pour l’Amérique de guérir », affirme Joe Biden

Dans son tout premier discours aux Américains depuis l’annonce de sa victoire, en matinée, le démocrate Joe Biden a lancé un appel à l’unité, à l’image du message rassembleur qu’il a porté tout au long de sa campagne et qui contraste avec celui du président qu’il a défait.

Si son prédécesseur disait vouloir rendre sa grandeur à l’Amérique, Joe Biden a martelé qu’il fallait maintenant restaurer l’âme du pays, faisant écho au message livré lorsqu’il s’était lancé dans la course à l’investiture démocrate, en avril 2019.

Notre nation est façonnée par la lutte constante entre ce qu’il y a de meilleur en nous et nos pulsions les plus sombres. […] Il est temps que ce qu’il y a de meilleur en nous l’emporte, a déclaré e 46e président des États-Unis devant des centaines de partisans rassemblés à Wilmington, son fief du Delaware.

Appelé à gouverner dès janvier un pays divisé, il a tendu la main aux partisans du président Donald Trump, évitant tout au long de son discours tout triomphalisme : Je comprends votre déception. […] Maintenant, donnons-nous une chance. Il est temps de mettre de côté la rhétorique enflammée.

Ce soir, le monde entier regarde l’Amérique, et je crois que lorsque nous sommes à notre meilleur, l’Amérique est un phare pour le monde. Nous ne dirigerons pas seulement par l’exemple de notre puissance, mais par la puissance de notre exemple.Joe Biden, président désigné des États-Unis

Je m’engage à ne pas diviser, mais à unir; à ne pas voir des États rouges ou des États bleus, mais à voir les États-Unis, a-t-il promis, répétant un message qu’il a souvent martelé au cours des dernières semaines.Je suis un fier démocrate, mais je vais gouverner comme un Américain.

La nouvelle de sa victoire est tombée 48 ans, jour pour jour, après son élection comme sénateur du Delaware. Ironiquement, celui qui, à 29 ans, était alors le plus jeune élu du Sénat de l’époque deviendra en janvier, à 78 ans, le président le plus âgé qu’auront jamais eu les États-Unis au premier jour de son mandat.

Symbole de la volonté du successeur de Donald Trump à tourner la page et à panser les blessures, il avait à ses côtés celle qu’il a choisie comme colistière, qui avait livré à son endroit l’une des attaques les plus efficaces et les plus mémorables de la saison des débats démocrates.

Kamala Harris, première femme, première Noire et première personne aux origines asiatiques à accéder à la vice-présidence, a pris la parole peu de temps avant M. Biden.

Nous, le peuple, avons le pouvoir de bâtir un avenir meilleur, a déclaré la sénatrice de la Californie, âgée de 56 ans.

Vous avez choisi l’espoir, l’unité, la décence, la science et, oui, vous avez choisi la vérité. Vous avez choisi Joe Biden comme prochain président des États-Unis.Kamala Harris, vice-présidente élue des États-Unis

Kamala Harris est tout sourire derrière un lutrin sur une scène.
Photo : Reuters/JIM BOURG

Kamala Harris a pris la parole en premier, en remerciant les électeurs américains d’avoir choisi « l’espoir, l’unité, la science » et « la vérité ».

Joe Biden avait déjà livré de brèves allocutions après l’élection pour exhorter le peuple américain à la patience et au calme dans l’attente des résultats électoraux qui ont tardé pendant trois jours et demi.

De New York à San Francisco en passant par Philadelphie, Washington et Atlanta, la victoire du tandem démocrate, annoncée samedi vers 11 h 30, a rapidement été accueillie par des célébrations spontanées dans plusieurs villes du pays.

Numéro deux d’une administration qui, il y a huit ans, avait hérité d’un pays en guerre et en crise économique, Joe Biden prendra les rênes d’une administration confrontée à des défis titanesques : diriger un pays profondément divisé, à l’économie fragilisée et aux prises avec une terrible pandémie.

Le président Donald Trump, lui, n’a toujours pas livré le traditionnel discours de concession et s’est même tourné vers Twitter dans la journée pour s’autoproclamer vainqueur. Son équipe de campagne entend poursuivre sa bataille devant les tribunaux pour contester l’issue du vote.