Le cabinet ministériel du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, formé et suscite de vives réactions au sein de la population haïtienne. D’un côté, le gouvernement semble chercher à répondre aux exigences de divers secteurs, mais de l’autre, il est critiqué pour sa gestion perçue comme un partage de pouvoir entre des conseillers présidentiels , sans réelle avancée en matière de sécurité et de développement.
Les ministres reconduits
Plusieurs ministres ont été reconduits dans leurs fonctions, ce qui témoigne de leur continuité dans le gouvernement d’Alix Didier Fils-Aimé :
-Ketleen Florestal, ministre de la Planification, est une figure proche de l’épouse de l’ex-Premier ministre Garry Conille et a déjà fait partie du gouvernement de Conille.
-Raphael Hosty, ministre des Travaux Publics, a été recommandé par le parti Fanmi Lavalas.
-Vernet Joseph, ministre de l’Agriculture, a été proposé par le parti Pitit Dessalines, soutenu par l’ex-sénateur Moise Jean-Charles.
-James Monazard, ministre du Commerce, a été proposé par le secteur privé.
-Moise Jean Pierre Fils, ministre de l’Environnement, a reçu le soutien de la conseillère présidentielle Regine Abraham, représentante de REN dans le Conseil Présidentiel de Transition (CPT).
-Georges Wilbert Franck, ministre des Affaires Sociales et du Travail, a été recommandé par la société civile, représentée par le pasteur Frinel Joseph au CPT.
-Lynn Octavius, ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique, a été proposé par son ami personnel, Smith Augustin.
-Augustin Antoine, ministre de l’Éducation, a été recommandé par Fritz Jean, de l’accord de Montana.
Les nouveaux ministres
Le cabinet ministériel du Premier ministre Fils-Aimé a également vu l’arrivée de nouveaux visages, nommés pour leurs liens politiques et leurs recommandations par des acteurs clés :
-Paul Antoine Bien-Aimé, ministre de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales, a été proposé par Fritz Jean.
–Alfred Mettelus a été choisi comme ministre de l’Économie et des Finances dans le cadre d’un compromis entre le CPT et le Premier ministre.
-Patrick Pelissier, ministre de la Justice, a été recommandé par le Premier ministre lui-même, Alix Didier Fils-Aimé.
-Harvel Jean Baptiste, ministre des Affaires Étrangères et des Cultes, a été proposé par Smith Augustin.
-Dr Lorté Blema, ministre de la Santé Publique, a été recommandé par le Conseiller présidentiel Louis Gerald Gilles.
-Erick Dessources, ministre du Tourisme, a été recommandé par l’Association Touristique d’Haïti sur la recommandation du premier ministre.
-Jean Michel Moïse, ministre de la Défense, a été recommandé par Smith Augustin sur la proposition de Renald Luberice, de la plateforme RED.
-Pedrica St-Jean, ministre à la Condition Féminine, a été proposé par Louis Gerald Gilles.
-Katia Verdier, ministre des Haïtiens Vivant à l’Étranger (MHAVE), a été recommandée par l’homme d’affaires Reynold Deeb, selon nos informations.
-Patrick Delatour, ministre de la Culture, a été proposé par Fritz Jean.
Notons que le conseiller présidentiel Edgard Leblanc est le seul conseiller à n’avoir recommandé aucun ministre dans le gouvernement.
Fritz Jean, l’un des artisans de l’accord de Montana, a réussi à faire nommer trois ministres, en contrepartie de la libération du poste de Premier ministre et du ministère des Finances au secteur privé. De même, Smith Augustin a réussi à obtenir trois portefeuilles ministériels, tout comme Louis Gerald Gilles, qui a recommandé deux ministres.
Cette répartition des ministères soulève des interrogations sur la capacité de ce gouvernement à répondre aux véritables attentes de la population haïtienne, en particulier en matière de sécurité. En effet, alors que le pays fait face à des crises multiples, notamment une insécurité croissante, les nominations semblent davantage être dictées par des considérations politiques que par un véritable souci de résolution des problèmes de fond.
Au-delà de l’aspect politique, les Haïtiens n’exigent qu’une chose : la sécurité. Toutefois, le partage des postes clés de l’État entre des conseillers et partis politiques, sans résultats tangibles à court terme, laisse une grande partie de la population perplexe. Le manque de mesures concrètes pour contrer la violence et l’instabilité pourrait bien être la principale source de mécontentement, et ce gouvernement pourrait se retrouver face à des défis majeurs si des actions urgentes ne sont pas mises en place.
Le cabinet ministériel du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé semble plus axé sur le partage du pouvoir entre acteurs politiques que sur la mise en œuvre de réformes structurelles nécessaires pour le pays. La clé du succès de ce gouvernement résidera probablement dans sa capacité à dépasser cette logique de partage de responsabilités pour se concentrer sur les véritables enjeux de sécurité, de gouvernance et de développement économique, auxquels Haïti doit faire face de toute urgence.