Dans une lettre officielle adressée à Alex Saint-Surin, Président-Directeur Général de Radio Méga FM, la Direction Générale de l’Organe Exécutif du Conseil National des Télécommunications (CONATEL) a exprimé son inquiétude face à l’utilisation de la fréquence 103.7 MHz pour la diffusion de contenus jugés dangereux. La CONATEL accuse la station de radio d’avoir accordé du temps d’antenne à des chefs de gangs notoires, alimentant ainsi la violence et l’insécurité dans la capitale.
Selon la CONATEL, ces émissions, en particulier “Boukante la Pawòl”, ont récemment permis à des figures criminelles telles que Jeff Gruo Ewa, chef de gang de Canaan, et Jimmy Chérizier, alias “Barbecue”, un criminel recherché par la justice haïtienne et sanctionné par les Nations Unies, de diffuser des messages de haine et de terreur à l’encontre de la société. Cette pratique constitue une violation flagrante du Décret du 12 octobre 1977, qui encadre les télécommunications en Haïti et accorde à l’État le monopole dans ce domaine.
Face à cette situation, la CONATEL invoque l’état d’urgence décrété par le gouvernement pour exiger la suspension immédiate de l’émission. S’appuyant sur les articles 130 et 195 du décret de 1977, l’organisme régulateur rappelle que cette décision vise à protéger la sécurité nationale.
Dans son courrier, la CONATEL avertit que si Radio Méga FM ne se conforme pas à cette demande, l’article 137 du même décret sera appliqué, entraînant la suspension de la concession de la fréquence sans exclure des sanctions pénales.
Cette intervention du régulateur intervient dans un contexte où les groupes armés contrôlent une grande partie de la capitale, aggravant l’insécurité et les souffrances de la population. En donnant une tribune aux chefs de gangs, Radio Méga FM se retrouve au cœur d’une controverse qui pourrait redéfinir les limites de la liberté d’expression dans un pays en crise.
Pour l’instant, Radio Méga FM et son directeur général n’ont pas encore répondu publiquement à cette injonction. Toutefois, cette affaire soulève des questions fondamentales sur la responsabilité des médias dans une période de troubles et sur la gestion des outils de communication dans un environnement marqué par la violence et l’instabilité politique.