Une nouvelle mésentente éclate au sommet de l’État haïtien. Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé s’affrontent sur la question des changements au sein des directions générales des organismes autonomes et déconcentrés.

Selon nos sources, le Premier ministre Fils-Aimé revendique le contrôle de plusieurs institutions stratégiques, notamment l’Office National d’Assurance-Vieillesse (ONA), l’Office d’Assurance Véhicules Contre Tiers (OAVCT), le Bureau de Monétisation des Programmes d’Aide au Développement (BMPAD), ainsi qu’une quinzaine d’autres directions générales. Une manœuvre qui inquiète le CPT, lequel voit son autorité contestée par celui qu’il avait pourtant désigné sur la recommandation du secteur privé des affaires.

Cette situation n’est pas sans rappeler les différends qui avaient opposé l’ancien Premier ministre Garry Conille au Conseil Présidentiel sous une administration précédente. À l’époque, les désaccords similaires sur la gestion des institutions publiques avaient conduit à la révocation de Conille. En choisissant Alix Didier Fils-Aimé comme Premier ministre, le CPT espérait éviter ce genre de conflit et s’assurer un contrôle total sur l’exécutif. Or, il semble que l’histoire se répète, mettant une fois de plus en lumière les luttes intestines pour le pouvoir.

Pendant que le CPT et le Premier ministre se disputent le contrôle des institutions, les préoccupations majeures de la population haïtienne restent sans réponse. L’insécurité atteint des niveaux alarmants, le chômage et la flambée des prix plongent des millions de familles dans la précarité, et la famine s’intensifie dans plusieurs régions du pays.

Par ailleurs, des milliers de personnes continuent de fuir leurs domiciles sous la menace des groupes armés, aggravant une crise humanitaire déjà catastrophique. Face à ces défis, les querelles politiques au sommet de l’État apparaissent déconnectées des réalités du peuple.

La priorité absolue pour Haïti devrait être le rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national. Or, les luttes de pouvoir pour le contrôle des directions générales ne font que détourner l’attention des urgences nationales, tout en favorisant l’enrichissement d’une élite politique et économique au détriment de la population.

Cette situation illustre une fois de plus le manque de leadership et de vision pour sortir le pays de la crise. Les citoyens haïtiens, déjà accablés par la pauvreté et l’insécurité, attendent des actions concrètes pour améliorer leur quotidien.

Si ce bras de fer entre le CPT et le Premier ministre se poursuit, il risque de plonger le pays dans une nouvelle crise politique, alors que le climat social est déjà extrêmement tendu.

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