Alors que la situation alimentaire et sécuritaire continue de se dégrader en Haïti, une voix s’élève avec force pour dénoncer l’inaction des autorités et appeler à une révolution agricole. Madre Bethie Louis Jeune, Présidente Internationale de CERHAM/CEROHAMBRE et Supérieure Générale des Samaritana, met en garde contre une réalité inquiétante : pour une grande partie de la population haïtienne, manger à sa faim est désormais un luxe.
« Manger et boire, ces besoins primordiaux, sont aujourd’hui hors de portée pour beaucoup. Seules les personnes issues des couches aisées parviennent à satisfaire leurs besoins alimentaires de base », a-t-elle déclaré avec gravité. Pour elle, l’alimentation ne doit pas devenir un produit de luxe pour les Haïtiens.
L’organisation CERHAM, en collaboration avec la Congrégation des Filles Missionnaires de la Providence (Samaritana), insiste sur l’importance de l’investissement dans l’agriculture. Selon ces deux entités, c’est par une politique agricole ambitieuse et modernisée que le développement d’Haïti pourra se concrétiser. Madre Bethie souligne que l’État haïtien doit élaborer des stratégies pour rendre le pays vivable pour tous ses citoyens. « La seule voie possible est de produire nos propres aliments », affirme-t-elle.
Elle plaide ainsi pour une agriculture mécanisée, la promotion de l’élevage et de la culture urbaine. Elle exhorte également le secteur privé à repenser ses stratégies pour encourager la consommation locale. Son objectif est ambitieux : voir 90% de la consommation haïtienne être assurée par des produits locaux d’ici 2050.
L’insécurité persistante reste l’un des obstacles majeurs au redressement économique et social d’Haïti. Selon les Nations Unies, la violence des gangs et l’instabilité politique ont poussé un nombre record de 578 074 personnes à se déplacer en 2024, dont plus de 310 000 femmes et filles et 180 000 enfants. Ce chiffre a plus que doublé par rapport à 2022, plaçant Haïti en tête des pays enregistrant le plus de déplacements internes liés à la criminalité.
Pour Madre Bethie, l’État haïtien a failli dans sa mission de garantir la sécurité et la stabilité. Elle critique également l’inaction des organisations internationales telles que l’ONU, l’OEA et la CARICOM, ainsi que des pays amis d’Haïti, qui, selon elle, assistent passivement à la dérive du pays.
Face à cette situation de crise généralisée, Madre Bethie appelle chaque Haïtien à prendre en main le destin du pays. Elle insiste sur l’importance de choisir des leaders pragmatiques, progressistes et intègres, capables de guider Haïti vers un avenir meilleur. « Si nous collaborons, nous pourrons surprendre le monde dans un avenir proche », affirme-t-elle, invitant la population à sortir de sa léthargie et à se rebeller contre la situation actuelle.
L’avenir d’Haïti, selon Madre Bethie, passe par une révolte collective contre la faim et le désordre, et par un retour à la terre pour assurer une sécurité alimentaire durable.
