L’ancien Ministre de la Justice et de la sécurité publique de la transition Privert/Jean-Charles, Camille Édouard Junior, a fait un diagnostic de la situation en Haïti. Selon l’ex Ministre, l’important c’est d’abord rétablir la confiance dans l’État afin de pouvoir renforcer les institutions. Ensuite, il faut désigner des autorités légitimes, honnêtes, crédibles ayant de l’expertise pour prendre la barque de la nation. L’homme de loi a aussi intervenu sur le dossier impliquant les deux sénateurs sanctionnés. Pour lui, il n’y a aucune fierté à s’en réjouir.
L’ancien cadre du CSPN se montre extrêmement préoccupé par le tournant que prend la crise. Selon lui, il n’ y a pas qu’une crise de l’État qui a conduit la nation à cette pente fatale. La crise de société a largement contribué à accélérer cette situation regrettable. D’après l’ex Ministre, la crise de l’État est la conséquence d’une perte de confiance et d’un déficit de crédibilité. Ce contexte fragilise la société dans son ensemble qui n’a pas su pouvoir s’engager comme il se doit pour bloquer l’hémoragie. Cela est du, explique l’ancien officiel, à peut-être une situation de peur liée au kidnapping ou à la paresse tout simplement.
Vu le tournant qu’a pris la crise, Camille Édouard Junior conclut que c’était la dernière goutte devant renverser le verre. ” on atteint la profondeur. On ne peut chuter d’avantage. L’important, pour l’heure, ce sont aux forces vives de la nation d’en prendre conscience et de s’armer de courage pour redresser la barre”, préconise l’ancien Ministre qui appelle à une entente entre les protagonistes.
Les haïtiens doivent s’en vouloir des sanctions imposées aux politiciens haïtiens
L’ancien garde des sceaux de la République a commenté également la décision americano-canadienne de sanctionner un sénateur en fonction et un ancien Président du Sénat Haïtien pour corruption. Aux dires de Camille Édouard Junior, on n’a aucune raison à s’en rejouir. La cause c’est que l’État Haïtien est trop faible et que les autorités ont sacrifié la justice du pays. La seule leçon à apprendre de ces mesures c’est l’urgence pour l’État de refaire son visage, restaurer sa justice et renforcer ses institutions. Pour lui, des mesures prises dans ce contexte ne sont pas émotionnelles. Il pense qu’il y a eu des enquêtes au préalable.
L’homme de loi ajoute que ces mesures ont deux caractères. Une dimension politique du fait qu’elles ont été prises par des étrangers à l’encontre des politiciens haïtiens et qui auront des retombées politiques. Toutefois, basant sur des précédents, il dit penser que des mesures de telles natures ont des caractères éphémères. L’autre caractère de ces mesures est juridique, dit-il. Elles sont punitives et risquent de jeter des discrédits sur eux et leur famille. De plus, elles mettent en péril la présomption de l’innocence.