Réactions outrées, prise de position, publication de communiqués exprimant les inquiétudes de la communauté internationale… le président Jovenel Moise est sévèrement critiqué ces jours-ci. En cause, la publication du décret portant création de l’Agence nationale d’intelligence (ANI) et celui du renforcement de la sécurité publique, lesquels ont semé des doutes sur la velléité du chef de l’Etat d’imposer à la population un gouvernement de fer.
Depuis la publication de ces deux décrets contestés, le président de la République et son équipe ne sont pas en odeur de sainteté. Le chef de l’Etat qui déjà a perdu une grande partie de sa popularité en raison de ses promesses électorales non-tenues a vu sa situation s’aggraver depuis la publication de ces deux documents. Commentaires acides, les critiques acrimonieuses… brefs ! Les réactions pleuvent.
Après l’installation des membres du Conseil électoral provisoire (CEP) sans avoir prêté serment par-devant les juges de la Cour de cassation et la mise en place d’un comité consultatif dit indépendant chargé d’élaborer le projet de la nouvelle constitution qui sera validé par un referendum en mars prochain en passant outre de la constitution , la création de l’Agence nationale d’intelligence (ANI) a soulevé un tollé et du même coup ravivé les débats sur la velléité du président d’instaurer une dictature .
C’en est trop. Cette fois, même la communauté internationale, amie fidèle du gouvernement, a pris une position contraire. Le Bureau intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH) et les responsables de l’ambassade américaine en Haïti ne semblent pas prêts à adhérer à la démarche du président, laquelle mettant en danger d’abord notre jeune démocratie et les acquis constitutionnels gagnés au prix du sang. Mais, le gouvernement ne renonce toujours pas.
Le président Jovenel Moïse essaie de temporiser le jeu, mais…
En visite dans le département du Nord-est ce week-end, le numéro un du pouvoir exécutif essaie de temporiser le jeu contrairement au secrétaire général du conseil des ministres Renald Lubérice qui impute la responsabilité de la crise actuelle à la communauté internationale. ” Je n’ai aucune velléité dictatoriale. L’ANI n’est pas un corps de Tonton Macoutes » avait déclaré le numéro un de la nation en marge de sa visite dans le département du Nord ’est.
Par cette déclaration, le chef de la diplomatie haïtienne tente de railler une nouvelle fois à sa cause la communauté internationale. Mais, on dirait que ça ne marche pas. Cette déclaration n’a pas eu l’effet escompté. Puisque quelques heures après, les responsables de l’ambassade des Etats-Unis ont déclaré que : « Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à s’inquiéter de l’érosion continue de la démocratie en Haïti et l’absence d’élections législatives et de la gouvernance par décret »
La mission onusienne en Haïti, BINUH et l’ambassade des Etats-Unis en Haïti ne veulent pas tomber dans le piège du pouvoir. On dirait qu’ils ont finalement compris que la publication à outrance des décrets présidentiels est une stratégie bien rodée de la part du pouvoir exécutif d’instaurer la peur et la dictature.
En dépit de ce chœur anti-ANI (Agence nationale d’intelligence), l’exécutif n’a pas voulu faire marche arrière. Au contraire, le président cherche plutôt à expliquer le bien-fondé de sa démarche.
Nous sommes à quelques semaines du 7 février 2021, les hommes de l’opposition démocratique et ceux issus des autres secteurs clefs de la vie nationale sont déjà chauffés à blanc en attendant l’arrivée de la date butoir : 7 février 2021. Et si le président perd le support de la communauté internationale ?