L’ancienne représentante du gouvernement américain en Haïti de 2012 à 2015, Pamela A. White, a fait une présentation sommaire de la situation sociopolitique en Haïti qu’elle assimile à un gâchis. La diplomate dit penser que techniquement les élections ne sont pas possibles dans le pays. Cependant, à travers ses commentaires, elle donne des pistes qui pourraient changer la done.
Madame White a exprimé clairement sa compréhension de la situation en Haïti. Elle informe que comme tout le monde, elle garde un oeil sur ce qui se fait dans ce pays en proie à une crise sociopolitique et économique aigüe. Évoquant les cas d’enlèvements, de décapitations, de viols, de meurtres, de violations systématiques des droits humains, d’un système judiciaire en berne, de la presse menacée, de plusieurs millions de membres de la population en situation d’insécurité alimentaire, qui font la une des médias au quotidien, elle conclu que Haïti est tout simplement un gâchis.
Dans son intervention, Mme White a surtout mis l’accent sur le processus électoral enclenché. Pour elle la tenue des élections réussies en Haïti pour cette année est une illusion. Le CEP n’est pas représentatif et, par conséquent, ne peut pas être accepter comme légitime. Le nouveau système d’identification exclut un nombre important de gens en age de voter. Et, cerise sur le gateau, l’ancienne ambassadrice américaine en Haiti, ne voit pas la provenance du financement de ce scrutin.
À travers ce constat, Mme White n’a pas prédit une situation irréversible. Au contraire, elle pense qu’un consensus minimal peut changer la situation. “Cela peut être rapidement corriger si les parties se présentent à la table. La décision de la branche exécutive de supprimer l’ancienne banque de donnée d’enrégistrements très respectée était une erreur. Je ne vois pas l’USG donner 33 millions de dollars comme en 2016 compte tenu de l’ambiance chaotique actuelle. La communauté internationale devra tracer des lignes fermes dans le sable qui tiendront les dirigeants haïtiens responsables à la fois d’une transition en douceur et d’une sécurité considérablement améliorée. Si les lignes sont franchies, l’argent s’arrête”, propose Pamela A. White.
La diplomate assume qu’elle est en désaccord avec Helen Lalime sur la question du référendum mais approuve sa lecture sur un consensus minimal entre les parties prenantes politiques concernées contribuerait grandement à la tenue des élections. “Si nous n’obtenons pas un consensus minimal entre les acteurs, Haïti ne pourra pas organiser des élections crédibles. Si le president ne démissionne pas, il devrait se retirer et doit être complètement transparent et honnête. Il doit amener les acteurs pertinents à la table. Un haïtien respecté issu de la société civile doit etre nommé premier ministre qui devrait immédiatement dissoudre le CEP actuel et convoquer un sommet quelconque avec tous les acteurs politiques concernés pour établir un CEP légal”, recommande la diplomate.
L’ancienne représentante des USA en Haiti dit penser que l’ONU et le gouvernement américain peuvent contribuer au financement de ce sommet. Elle plaide aussi pour une assistance immédiate à l’ONI. “L’équipe du nouveau PM devra également élaborer un plan de sécurité. Si le président reste, son travail sera de maintenir la paix. Arrêtez les coups brutaux et la violence des gangs et commencez à agir en homme d’état Chevronné”, prescrit Mme White precisant que la tenue des élections ne transformera pas Haïti mais, des joutes libres et régulières sont des pièces importantes dans le puzzle complexe de toute démocratie. Elle a aussi souligné que toutes les institutions nécessaires ne sont pas actuellement en place pour assurer un bon déroulement de la transition.