Le Réseau des Femmes Haïtiennes Modèles et Inspirantes (REFEHMI) a rendu hommage à 50 femmes haïtiennes qui ont fait leur preuve dans la communauté. Entre autres figures emblématiques honorées, se trouve la fervente journaliste et passionnée de l’environnement, Came Stefada Poulard.
Surprise par cette distinction non attendue, elle dit avoir l’amour pour la nature dans le sang invitant tous les secteurs à accorder plus d’importance à la protection de l’environnement qui est un bien partagé de tous.
Dans une interview exclusive accordée à Transparans, la journaliste et militante engagée pour la protection de l’environnement, Came Stefada Poulard n’a pas caché sa passion pour ce secteur. Au passage, elle n’a pas manqué de témoigner son appréciation du choix que le REFEHMI a fait d’elle en l’honorant parmi les 50 femmes inspirantes et modèles du pays. ” J’avoue avoir été surprise”. Cette distinction me montre que mes efforts sont appréciés, que mes travaux ont des impacts et que ma communauté me suit en fonction de la valeur de mes engagements “, a déclaré Madame Poulard qui concède toutefois qu’elle milite dans un secteur très négligé.
La militante de l’environnement a choisi de défier tous les tabous en faisant face aux préjugés et aux discriminations d’une société trop machiste. Choisir de s’engager dans cette aventure c’est d’accepter de supporter les jugements de toutes sortes. Quand on est femme et qu’on a fait ce choix, on a tendance à vous donner l’étiquette de folle. D’une personne qui n’est pas réaliste, regrette la journaliste arguant que la question de l’environnement devrait être privilégiée. Mme Poulard, au contraire, dit constater avec amertume que celle-ci est plutot négligée au profit d’autres priorités. “L’environnement est une cause commune. C’est notre vie”, a-t-elle renchérit.
Cette passion pour l’environnement est naturelle chez cette femme modèle. Selon elle, dès son jeune âge, elle est en constante relation avec son environnement. Elle le voit comme un vis-à-vis avec lequel elle communique et entretien des relations intimes. Entre autres motivations la poussant vers cet engagement est la dégradation spectaculaire de l’environnement . “Nous ne sommes pas conscients du danger que la dégradation de l’environnement represente. La population doit avoir accès à l’éducation sur l’ environnement. Il faut que la population soit suffisamment informée des comportements à adopter en ce sens. Tout le monde peut utiliser son espace pour faire cette promotion. Pour sensibiliser mais aussi éduquer”, a souligné la militante déclarant que le contexte malgré ses problèmes est une source de motivation de plus pour elle de faire la promotion de cette éducation à l’environnement.
Pour Mme Poulard, être militante implique beaucoup de choses. C’est une cause noble. Si le pays parvient à toucher le fond en ce qui a trait à la dégradation environnementale. Si les activités des gangs ont tout chambouller c’est parce que, dit-elle:” Nous ne nous focalisons pas sur ce qui est important. Nous n’avons pas une politique publique bien définie. Parce qu’on n’a pas de projet de société. Parce que nous sommes obstinés dans la stratégie “ôte-toi de-là pour que je m’y mette”. ” Je ne vais pas me décourager”, a-t-elle déclaré.
Fort de ce défit de communication pour supporter cette cause, la journaliste engagée invite les organes médiatiques à s’impliquer davantage dans cette campagne. Elle exhorte aussi la classe politique à s’impliquer largement tout en mettant l’accent sur la nécessité de renouveller la classe politique en Haïti et pourquoi pas de faire place aux partis politiques fondées sur la transition écologique et sociale . Stefada ne veut rien lâcher car, déclare-t-elle, il y a eu quand même beaucoup d’avancées depuis son implication dans ce secteur. ” l’État doit s’engager dans l’éducation sur l’environnement “, a-t-elle déclaré. Elle invite d’autre part en tant que féministe, aux femmes et aux filles à s’engager même si le secteur choisi pourrait être marginalisé dans la société, elle les invite à prendre des initiatives et à apporter leur pierre dans la construction de la société rêvée. Elle appelle également les jeunes à comprendre qu’ils sont en réalité l’avenir de cette société en péril. “Nou viv sak pase yo deja. Nou gen on gwo defi pou nou leve. Nap rekolte sa nou plante. Ann sispann fè fo tchalendj. Ann fè koud a koud la poun sipote pi fèb yo”.
Notons que Mme Poulard est une voix très écoutée dans la presse haïtienne. Elle milite aussi pour la jouissance totale des droits des femmes dans le pays. Journaliste de renom, elle a frayé son chemin comme militante attitrée dans la mouvance de la protection de l’environnement.